Cosmétiques et écologie : Comment faire des choix responsables ?

Mieux consommer s’applique également aux cosmétiques. Les adeptes de produits de beautés, de lotions ou encore de parfums prêtent de plus en plus attention aux composants de leurs produits. Mais vouloir mieux consommer ne suffit pas toujours : entre techniques de marketing frauduleuses et green-washing, comment se repérer dans la masse du marché ? À l’heure de l’inflation, consommer de manière responsable et respectueuse pour la santé est-il possible pour tout le monde ? Nous vous présentons une enquête réalisée au sein de la population afin d’analyser les habitudes des consommateurs.

Le bas prix plutôt que la qualité du produit.

Le diagramme démontre assez clairement qu’une majorité de consommateurs préfèrent actuellement privilégier le bas prix à la qualité d’un produit cosmétique. Conséquence de l’inflation actuelle ? D’ailleurs, parmi ces 53,8% là, seuls 5% déclarent ne pas vouloir changer cette habitude s’ils en avaient les moyens. Cela indique clairement une volonté de mieux consommer en incompatibilité avec les moyens financiers des consommateurs.

Il reste cependant une large portion de ces consommateurs, de l’ordre de 46,2%, qui préfèrent faire des achats de qualité, quitte à faire passer leur porte-monnaie au second plan.

Des cosmétiques respectant réellement l’environnement ? Ou green-washing ? À quoi se fient les consommateurs pour valider leurs achats de cosmétiques «eco-friendly» ?

Les consommateurs de cosmétiques se fient à diverses informations lors de leurs achats. Lors de notre étude, nous remarquons que l’attention portée aux différents labels est très importante.

Voici quelques réponses recueillies par notre étude :

  • «Les labels bio/vegan/eco-responsable, peu d’ingrédients.»
  • «Je vérifie s’ils sont cruelty free, qu’ils ne sont pas utilisés sur des animaux, qu’il n’y a pas beaucoup d’emballage, et s’ils sont fabriqués en France.»
  • «Les labels connus et sûrs, mais aussi et surtout la composition.»

La composition est aussi un autre marqueur impératif à vérifier. D’autres personnes interrogées nous expliquent :

  • « Les composants (pas d’huile d’amande par exemple, car trop consommatrice en eau, ni de produits non écologiques), et les provenances des composants (pas de produits en provenance de pays lointains ou exploités).»
  • «Il faut regarder si les ingrédients sont nocifs pour l’environnement, et regarder les labels (bio, cruelty free …)».

Enfin, le dernier point sur lequel les acheteurs portent leur attention est la question des emballages et de leur capacité à être recyclés :

  • « Pas d’emballage plastique, ou peu d’emballages»
  • «Je ne me fie à rien prenant donc le premier prix. Mais si cela serait le cas, je regarderais le produit en lui même, s’il est d’origine naturel, fait dans de bonnes conditions, d’où il vient. Je regarderais également le packaging, si on peut le recycler…».

Quels outils utilisent les consommateurs de cosmétiques pour les aider à choisir des produits respectueux de l’environnement ?

Beaucoup des consommateurs que nous avons interrogés n’utilisent pas d’outils particuliers et ne se fient qu’aux étiquettes affichées sur les produits. Mais des pratiques commerciales frauduleuses comme le green-washing existent. Cela consiste à la création de faux-labels ou encore la mise en avant d’ingrédients ou de processus de fabrications pseudo-écologiques. De nos jours, faire ses achats de cosmétiques de cette manière suppose donc de grandes connaissances et du temps dont nous ne sommes pas tous dotés. Cependant, beaucoup des interrogés nous confient utiliser des applications indépendantes telles que Yuka, Veg-Check, ou encore INCY Beauty.

Les applications comparatives semblent être un bon intermédiaire pour s’y retrouver facilement, en scannant simplement le code-barre du produit. Mais ces applications sont-elles vraiment efficaces ? Sur quoi se basent-elles ? Sont-elles réellement indépendantes, et par conséquent pouvons-nous nous y fier les yeux fermés ? Une interview avec Jean-Christophe Janicot, fondateur de l’application INCY Beauty, nous apporte des éléments de réponse.

Le label Cruetly-free, un engagement contre les tests sur les animaux

Ce label est une certification qui signifie littéralement «sans-cruauté». Il certifie l’absence totale de tests du produit sur des animaux. Cependant, ce label ne certifie pas un produitimage-collée.tiff vegan, et il n’est pas rare de trouver des ingrédients d’origine animale dans les cosmétiques certifiés cruetly-free.

INCI Beauty, les origines d’une application vouée à l’assistance des consommateurs.

Nous sommes un groupe d’informaticiens. La création de notre application s’est fait dans le cadre de recherches sur notre comparateur de produits auquel nous avons ajouté une section cosmétiques. La cosmétique est l’un des derniers secteurs arrivé sur internet. Il s’agit d’un secteur qui est longtemps resté une chasse-gardée des grandes surfaces, qui a donc mis du temps à apparaître sur internet. De plus, les prix assez bas n’incitaient pas particulièrement à chercher ailleurs, et encore moins sur internet.

Une notation claire pour mieux renseigner les utilisateurs.

Notre algorithme repose sur une base de notation entre 0 et 20 qui est ajustée en fonction de malus et de bonus que l’on attribue en fonction de la composition des produits comparés. Notre base d’ingrédients est celle de l’Europe. Nous avons de notre côté travailler avec une école de chimie pour essayer de catégoriser les ingrédients. En fonction des résultats, chaque ingrédient se voit attribuer un code couleur illustrant son degrés de potentielle dangerosité pour un consommateur. Par exemple, les ingrédients classés par l’Europe comme allergènes issu de synthèse chimique vont être affichés en orange, là où les ingrédients tels que les perturbateurs endocriniens suspectés ou controversés vont apparaître en rouge. Quant aux autres ingrédients, pour la plupart des extraits naturels, nous ajoutons une dimension de produit, c’est-à-dire qu’un ingrédient peut avoir une couleur différente en fonction du produit dans lequel il est utilisé. Par exemple, on peut retrouver des filtres UV dans les crèmes solaires bio et puis en en tant que colorant dans certains produits de maquillage ou quelques dentifrice. Or, il existe un équivalent en alimentaire qui est interdit Europe. La différence vient du fait que dans les cosmétiques, et notamment ceux touchant à l’hygiène dentaire, nous ne sommes pas supposés pouvoir ingérer un quelconque produit potentiellement nocif.

Une meilleure connaissances des produits et une nouvelle façon de conscientiser ses achats de cosmétiques.

Si l’on parle du bio, le seul problème, c’est le prix. Néanmoins, il existe plein de cosmétiques bio intermédiaires trouvables chez les grandes marques mais restant abordable. Mais il est vrai que si l’on veut du bio «pur», il faut commencer à aller dans les magasins bio, et dans ce cas-là ce sont des produits qui sont bien plus engagés, qui vont utiliser par exemple uniquement des huiles essentielles et aucun ingrédient de synthèse. […] Il faut prendre en compte le fait que les achats de cosmétiques sont de plus en plus centrés sur le plaisir; notre application permet de réfléchir au fait qu’il vaut parfois mieux ne rien mettre que d’acheter un produit au prix délirant et qui est mal noté sur notre application, ce qui indique qu’il peut être nocif pour la santé. Il faut aussi essayer de se souvenir de l’usage que l’on veut avoir du produit. Par exemple, dans les déodorants, les sels d’aluminiums sont très controversées puisqu’ils bloquent la sudation. Or, ce phénomène est naturel, et cela ne semble pas normal de vouloir empêcher un phénomène qui est normal pour corps. Ne serait-ce que pour la sudation, il existe des méthodes naturelles pour la limiter, comme le fait de davantage s’hydrater. Il faut donc réapprendre à conscientiser ses achats de cosmétiques.

Un impact réel sur les choix des consommateurs…

Notre objectif était plus de rendre les informations sur les produits plus rapidement compréhensibles pour les consommateurs. Nous avons environ 15 000 à 16 000 utilisateurs actifs qui utilise quotidiennement notre application. L’idée de la note est de simplifier les choses pour les consommateurs qui souhaitent s’intéresser aux ingrédients des produits qu’ils utilisent. […] De fait, si vous êtes en magasin et que vous scannez un produit, pour peu que notre application vous renvoie un 4 sur 20, il y a des chances pour que vous reposiez le produit. Cela est d’autant plus vrai que nous proposons des produits équivalents, c’est-à-dire trouvable dans un type de magasin similaire et à un prix similaire.

… Mais aussi sur les industriels.

Notre application permet d’informer assez rapidement les consommateurs à la parution d’un ingrédient potentiellement nocif, comme les filtres UV les dentifrices. De fait, nous avons affiché cet ingrédient en rouge, ce qui a fait que, rapidement, l’industriel a retirer ses produits du marché en voyant que les consommateurs refusaient d’en acheter. Cela s’est fait au moment de l’interdiction en France de cet ingrédient dans les produits alimentaires et donc cet industriel, bien que cet ingrédient n’avait pas d’autre effet que d’opacifier un peu le dentifrice, a choisi de rechercher d’autres ingrédients moins controversés. C’est d’autant plus intéressant de leur part puisque l’on note les composants au niveau de leur transformation chimique mais aussi de leur rejet dans la nature. On essaye ici d’avertir des dangers de certains ingrédients qui sont non dégradables et rejetés dans la natures, affectant ainsi l’environnement.

Et une application engagée!

Nous sommes partenaires avec l’association «1% for the Planet». Dans le cadre de ce partenariat, nous reversons 1% de notre chiffre d’affaires à cette association qui œuvre pour l’environnement. Bien que nous financions cette association, ce n’est pas vraiment une solution, au sens où il ne s’agit que d’une compensation écologique. Il faut maintenant que les grandes entreprises de cosmétiques prennent véritablement conscience des enjeux écologiques, sans chercher à compenser leur pollution sans agir sur leur origine.

Propos recueillis par DENEUVE CAROLE et DUMONT Isaline

Les résidences

De quelques jours à plusieurs semaines, les journalistes et photographes de Grand-Format s’immergent dans un établissement scolaire, une médiathèque, une ville... pour y mener des ateliers d’éducation aux médias et un travail journalistique. Avec des jeunes et des moins jeunes, nous construisons ensemble ces éditions spéciales de Grand-Format issues de ces résidences.