Elisabeth Taudière s’est engagée, depuis son arrivée à Caen en 1995, dans la médiation autour de l’architecture en Normandie. Avec Territoires pionniers, l’association qu’elle dirige, elle mène chaque année des actions pour mieux appréhender notre territoire – et ses enjeux d’aménagement. En compagnie d’architectes, d’urbanistes, de paysagistes, de designers, d’artisans, d’habitants, elle imagine et expérimente de possibles manières d’adapter nos habitats et nos vies face aux bouleversements climatiques.
Grand-Format : Aujourd’hui, de plus en plus d’architectes se posent des questions sur leur métier. Comment les bouleversements climatiques impactent leurs préoccupations ? Est-ce une petite révolution dans le monde de l’architecture ?
Elisabeth Taudière : C’est une énorme révolution dans le domaine de l’architecture! Les architectes sont à la fois le problème, mais sont peut-être aussi la solution. Ils ont contribué à cette artificialisation des sols, à cette urbanisation effrénée, et en même temps, ils ont des compétences et des savoir-faire utiles pour imaginer des manières de transformer nos milieux de vie.
La profession se pose énormément de questions, jusqu’aux étudiants en lutte dans leurs écoles cette année, sur les savoir-faire indispensables, les pratiques à explorer ou à développer aujourd’hui pour que l’architecte trouve sa place dans la mise en œuvre des transformations écologiques et sociales dans nos territoires. L’architecte quitte peut-être (enfin) son piédestal pour prendre sa place dans la Cité, au milieu de tous les autres acteurs et des habitants qui ont eux-mêmes une connaissance fine de leur lieu de vie. Avec ses compétences et savoir-faire, il peut contribuer à transformer durablement les espaces, les régénérer et y accueillir la vie.
Comment peut-on construire ou réhabiliter, aujourd’hui, des logements ou des lieux, en respectant notre Terre ?
La première nécessité, c’est de se poser des questions sur nos besoins. De quoi avons-nous réellement besoin pour vivre en terme d’espaces, à l’échelle d’un territoire ? Nous devons faire l’inventaire de ce que l’on a afin de voir comment remettre en vie des espaces déjà existants ou disponibles.
Ensuite, il s’agit de regarder ces espaces déjà à notre disposition. Comment peut-on les adapter et les transformer de la manière la plus sobre possible ? Quand on ne peut pas les transformer, peut-on les agrandir? Et en dernier recours, se pose la question de la construction.
L’équipe de Territoires pionniers, juin 2023 – au milieu : Elisabeth Taudière – crédit : Alban Van Wassenhove
Aujourd’hui, faut-il continuer à construire quand on voit tous ces bâtiments disponibles ? Beaucoup sont vacants, en mauvais état, ce sont parfois des propriétés privées qui ne sont pas utilisées, des friches. Aujourd’hui pour ménager nos territoires et nos ressources, nous devons faire avec ce qui est là, ce que l’on a, sur les surfaces, si possible, déjà artificialisées.
Cette question du besoin ne se posait pas jusque-là, sans doute parce qu’on avait l’impression de vivre dans un monde d’abondance…
On a longtemps considéré par exemple que les terres agricoles étaient des espaces à construire. On n’a pas pris la mesure du temps nécessaire pour que ces sols vivants se constituent. Il a fallu de 100 à 150 mille ans, à raison d’un centimètre tous les mille ans, pour constituer la terre fertile de la plaine de Caen. Quand on sait cela et qu’on y voit la perte de biodiversité, et les pratiques d’aujourd’hui, on ne peut que constater combien ce bien commun précieux est abimé, détruit… Et quand ces terres sont artificialisées, on ne peut plus revenir en arrière !
«Cela fait 70 ans que les espaces urbains continuent de s’étendre, comme si c’était inéluctable. »
Chantier participatif de rénovation d’un four à pain en terre crue, résidence de Chloé Gautrais, Rose Hewins et Maud Corcoral à Saint-Sauveur-Villages (Manche), octobre 2021 – crédit : Territoires pionniers
Il y a aujourd’hui de plus en plus de tensions sur l’usage des terres: les conserve-t-on pour l’agriculture? Laisse-t-on la biodiversité s’y épanouir? Ouvre-t-on ces espaces à la construction ? Cela fait 70 ans que les espaces urbains continuent de s’étendre, comme si c’était inéluctable. Aujourd’hui arrive la loi Zéro Artificialisation Nette (ZAN) qui pose la question de l’arrêt de cet étalement et devrait imposer de nouvelles manières de faire. Malheureusement tous les projets déjà lancés vont continuer à sortir de terre. On en a encore pour une bonne dizaine d’années!
L’un des enjeux, aujourd’hui, est d’utiliser les matériaux qui sont disponibles, autour de nous.
Avec la raréfaction des ressources, il faut en effet revenir à ce que nous avons déjà et à ce nous offre la nature: les matériaux qui sont là sous nos pieds, la terre, les roches, des matières issues des végétaux (chanvre, paille, bois)… et puis les matériaux déjà disponibles, tous nos déchets du bâtiment, utilisés dans une première construction, et qui sont encore en état d’être réutilisés. C’est un peu comme les fripes pour le vêtement: comment développe-t-on cette filière du réemploi? Dans le bâtiment, il y a aujourd’hui une loi qui oblige à recycler les matériaux. Mais le recyclage demande de l’énergie et une énorme logistique: le réemploi évite ce recyclage!
Par ailleurs travailler avec des matières naturelles biosourcées (issues de la matière organique renouvelable (biomasse), d’origine végétale ou animale) ou géosourcées (issues de ressources d’origine minérale, telles que la terre crue ou la pierre sèche), c’est faire aussi le projet autrement, s’appuyer sur de nouvelles filières.
Que faut-il faire pour que se développe ce réemploi des matériaux?
Inverser la méthode: pendant des années, l’architecte a conçu son projet, puis est allé chercher les matériaux dont il avait besoin, souvent sur catalogue! Maintenant avant de concevoir, il fait l’inventaire de ce qui est disponible, de ce qu’il peut réemployer, bâtiments comme matériaux, et il imagine son projet avec ce qu’il a. C’est là que les capacités de création des architectes sont très utiles.
Pour le chantier de notre bureau associatif, par exemple, nous allons utiliser d’anciens panneaux de faux-plafonds pour isoler nos murs. Ce sont des plaques en laine de roche, un produit que l’on trouve facilement, mais qui finit souvent enfoui, faute de savoir quoi en faire. Alors qu’on pourrait les utiliser pour isoler thermiquement plein de logements ou de bâtiments!
Quand on fait du réemploi, avec ces nouvelles pratiques, il faut accompagner les maîtres d’ouvrage, les entreprises, et souvent concevoir ensemble dans un travail de collaboration avec les artisans, les compagnons. C’est une démarche différente qui valorise aussi la capacité à créer collectivement, entre architectes et artisans.
Chantiers communs
«Chantiers communs, c’est un événement culturel régional annuel (mars-avril), porté par Territoires pionniers, qui cherche à partager les ressources, les idées, les réflexions, les actions sur les évolutions des pratiques architecturales et d’aménagement, à soutenir des réalisations et des filières. Une partie du festival est centré sur le faire-ensemble, afin de soutenir des initiatives, apprendre grâce à des formations, des ateliers… et construire ensemble lors de chantiers participatifs. C’est un outil de mise en commun autour de ces grands chantiers de transformation écologique et sociale de notre territoire, qui sert aussi à cultiver les imaginaires. »
Tout cela est en train de se développer. Au Havre, le Hangar Zéro est un lieu d’expérimentation autour du réemploi et de la construction en terre. Quand on parle du réemploi, on pourrait avoir l’image du bidonville, d’un bricolage de bric et de broc, alors que ce n’est pas ça du tout: cela peut être maîtrisé, dessiné, complètement invisible, comme le réemploi des sanitaires. Pour la rénovation de la Grande Halle, à Colombelles à côté de Caen, les architectes ont utilisé des matériaux de réemploi et cela ne saute pas aux yeux! Ce sont parfois des portes, des toilettes, ou encore des fins de stock de carrelage.
Malgré tout, ces initiatives restent encore marginales. Il reste des freins techniques, mais surtout juridiques et culturels à lever. C’est toute une aventurede se lancer dans ces pratiques en circuit court ! Alors qu’avant-guerre, les gens faisaient avec ce qu’ils avaient sous la main. Aujourd’hui l’idée n’est bien sûr pas de revenir à la bougie, mais de s’inspirer des techniques traditionnelles, de bénéficier des apports de la technologie en terme de recherche, de calcul de résistance, de qualité d’isolation, pour rendre possible de nouvelles manières de construire.
Aujourd’hui, quand on construit, les matériaux arrivent du monde entier…
Il y a encore trop de facilités à faire venir des matériaux de l’autre bout du monde. On n’est pas prêts à répondre à la masse de projets avec le réemploi, par exemple. Il faudrait que les commanditaires, comme les architectes, soient plus volontaristes et imposent dans les projets ce type de matériaux.
Crédit : Alban Van Wassenhove
On continue toujours à construire des zones pavillonnaires, des plateformes logistiques (type Amazon, Decathlon) dans d’immenses hangars, et donc à bétonner… Tout ça est lié à nos pratiques d’habiter et de consommer: si on ne commandait pas tout sur Internet, il n’y aurait pas besoin de ces plateformes!
Où en est-on dans le développement des filières d’éco-matériaux?
Beaucoup de filières se développent en Normandie : les filières paille, lin, chanvre, bois, terre… Comme notre région est une terre agricole, nous avons la possibilité d’avoir en circuit court un certain nombre de matériaux issus des cultures végétales.
Le parc naturel régional des marais du Cotentin est en pointe sur la terre comme matériau de construction. Il s’est associé à des chercheurs de l’école d’ingénieurs Builders à Caen pour mener des recherches sur ce sujet, et intégrer ces matériaux (terre et fibres végétales) de manière plus massive dans les constructions.
Vous vous intéressez également à l’aménagement du territoire. Sur les côtes, la montée des eaux menace certaines villes normandes. Face à cela, quelles sont les actions pertinentes menées dans notre région?
Avec un contrat de transition écologique signé avec l’État, la communauté de communes Coutances Mer et Bocage est pilote sur ces questions en France. Il s’agit d’aborder de front les impacts déjà sensibles de la montée des eaux et les transformations que cela implique sur la bande littorale. Les élus, les acteurs locaux, les habitants se questionnent et essaient ensemble de trouver des réponses adaptées sur leur territoire. Cela veut dire relocaliser des activités, mais aussi intégrer ces sujets au règlement d’urbanisme, le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal, en cours d’élaboration.
« Vivre et composer avec le risque », rencontre avec Les Marneurs au Pavillon à Caen (Calvados), Chantiers communs, mars 2023 – crédit : Alban Van Wassenhove
Dans l’estuaire de l’Orne, le conservatoire du littoral avec les collectivités dont la ville de Sallenelles mènent des expérimentations également. Des aménagements ont été faits pour restituer des espaces naturels à la mer, afin de protéger la ville. Après 10 ans de démarches collectives, les acteurs se sont mis d’accord. Petit à petit, on voit les eaux saumâtres transformer les lieux.
Dans ces deux cas, il s’agit de trouver un équilibre: c’est une discussion, un compromis, autour d’une direction à prendre collectivement.
Avec Territoires pionniers, vous proposez des rencontres/des moments pour arpenter nos territoires. Dans quel but ?
Dans notre quotidien, nous avons peu de moments pour prendre le temps d’éprouver, d’écouter, d’explorer notre territoire, en profondeur. En l’arpentant, on s’y confronte collectivement. Et on peut se questionner sur l’avenir de ces espaces. Bien souvent, on est convoqué ou invité à une réunion publique où les projets ont déjà été réfléchis, et où l’on n’a plus qu’à dire oui ou non. C’est un peu tard pour ouvrir des échanges…
Quand Territoires pionniers organise une randonnée curieuse entre Mondeville 2 et le centre-ville de Caen, on traverse des stades, des jardins familiaux, des zones pavillonnaires, on longe des voies ferrées, on retraverse d’autres quartiers. On se rend compte ensemble de la manière dont l’urbanisme a agrégé ces portions de territoire, comment les opérations s’organisent, comment des espaces interstitiels sont investis par des pratiques sauvages, ou laissés à la nature. Et comment des infrastructures coupent ces espaces, des continuités… L’arpentage est aussi un moment pour transmettre des questionnements et des connaissances.
« Au nom de la Rouvre ! », résidence de Camille de Gaulmyn et Boris Fillon à la Roche d’Oëtre (Orne), octobre 2022 – credit : Territoires pionniers
Face à la gravité de la situation, et aux bouleversements qui arrivent, nous avons besoin d’irriguer nos imaginaires, dites-vous. Pourquoi est-ce si important à vos yeux ?
Aujourd’hui, les fictions, les publicités, les images des réseaux sociaux, la presse… nourrissent nos imaginaires. Mais ce sont des visions qui ont déjà été pensées par d’autres. Face à la situation exceptionnelle dans laquelle se trouve l’humain, pour moi, les réponses vont être locales, situées, imaginées par celles et ceux qui sont là et mises en œuvre avec ce que nous avons autour de nous. En fait, ouvrir les imaginaires, c’est aussi se mettre en capacité de se dire: tout est possible, on peut faire ceci, faire cela. Ne pas avoir peur de s’exprimer, de faire preuve de créativité, d’inventer… Comment combiner nos connaissances, nos idées et nos compétences pour nous permettre de continuer à habiter l’endroitoù nous vivons ? Il ne faut surtout pas attendre d’en arriver aux limites, aux crises. Au contraire! Ce que l’on dit régulièrement, c’est que pour qu’il y ait résilience, il faut qu’il y ait eu au préalable traumatisme. Autant essayer de tout faire pour éviter le plus possible le choc!
Pour faire face aux défis écologiques actuels, vous mettez en avant l’approche biorégionale. Qu’est-ce que cela signifie?
Dans une approche biorégionale, l’humain est un vivant parmi les vivants. Et comment vivent les vivants? Pour beaucoup à l’échelle d’un bassin-versant, territoire dessiné par l’eau. La ligne de partage des eaux le délimite: c’est le fait que toutes les gouttes d’eau qui tombent sur ce territoire verseront forcément dans un même fleuve, une même nappe. Tous les affluents, tous les petits cours d’eau se rejoignent et dessinent ainsi un vaste bassin de vie.
En cela, l’approche biorégionale dépasse les découpages administratifs, artificiels, ou en tout cas, anthropocentrés. Elle nous relie au socle géologique, aux strates des paysages. C’est à l’intérieur de cet espace-là, ainsi reliés à la géographie, à l’eau et aux vivants, que nous devons réfléchir à repenser nos manières de vivre. On n’habite pas de la même façon dans la Suisse Normande ou dans la plaine de Caen. Ce ne sont pas les mêmes paysages, pas les mêmes pratiques agricoles, pas les mêmes rythmes saisonniers…
Par ailleurs, dans un même bassin versant, tous les habitants sont solidaires. Si, en amont, les terres sont polluées ou si l’eau potable est pompée pour l’agriculture, cela a un impact en aval jusqu’à l’estuaire, où l’eau potable sera polluée ou la production de coquillages sera impactée. On a donc tous une responsabilité de l’usage des sols et de l’usage de l’eau.
Si on demande aux Caennais où est la source de l’Orne, beaucoup ne savent pas. C’est pourtant un tout petit fleuve, à échelle humaine. La source est près de Sées et cela nous relie via le fleuve à cette plaine agricole. Ces liens entre les vivants, humains et non humains, sur un même bassin versant, ne sont pas bien compris et surtout pris en compte, bien que nous soyons tous interdépendants. Ce sont des connaissances, des représentations, qu’on n’a pas forcément et qu’on est en train d’activer.
Des résidences d’architectures
« Les résidences d’architectures que nous organisons sont des espaces de recherches-actions pour des architectes. Elles sont localement une occasion de mener des expériences collectives, car elles permettent à des habitants de se questionner sur leur lieu de vie, et l’avenir de ces lieux. Deux résidences sont en construction : sur le patrimoine de la Reconstruction à l’horizon 2044. et sur le réemploi des matériaux de construction. Sur le patrimoine de la Reconstruction, l’idée est de se demander à quoi ressembleront ces bâtiments dans 20 ans, 100 ans après le Débarquement allié ? Comment ces espaces urbains adaptés à la voiture pourraient être transformés pour le monde de l’après-pétrole ? Sur le réemploi, il y a un frein culturel à dépasser. On se fait une montagne ! Comment le rendre désirable ? Le réemploi peut-il être source de création et d’innovation ? Comment peut-on développer l’architecture en circuit-court, l’habitat en circuit-court, à l’image de l’alimentation en circuit-court ?
D’octobre à décembre, en collaboration avec les actrices et acteurs du réemploi en Normandie, nous accueillons Hannah Höfte et Marion Chapon pour une résidence d’architecture dédiée au réemploi. Leur approche très culturelle va replacer le réemploi comme une pratique traditionnelle mise en oeuvre depuis toujours par les humains pour construire, et la nécessité de renouer avec cette pratique et les savoir-faire qu’elle nécessite. »
Est-ce à la ville ou à la campagne que se construit le monde de demain, plus respectueux de notre planète ?
Je pense que c’est là où on est. Quand on parle de subsistance, on se pose quand même la question, à la ville, de savoir d’où vient tout ce dont on a besoin pour vivre. Il me semble indispensable de relocaliser les productions alimentaires mais aussi de biens de première nécessité, d’énergie, afin d’être moins dépendants de territoires, bien trop souvent éloignés de nos lieux de vie, voire situés à l’autre bout de la planète!
Mais comment faire pour rapprocher ces productions ? Peut-être grâce à des espaces productifs insérés dans la ville. A l’inverse, comment des pratiques très urbaines aujourd’hui pourraient être bénéfiques au monde rural? Les fab-labs, les repairs cafés, qui sont plutôt urbains, sont en train de se développer dans le monde rural. Il s’agit de développer des collaborations, des échanges en circuit court, et de rapprocher ainsi villes et campagnes, bien qu’en Normandie, la campagne n’est jamais bien loin!
Plus généralement, peu importe où nous habitons, nous pensons que ce sont ces collaborations qui permettent, dans des réseaux vivants et actifs, de produire du mieux vivre là où l’on est!
Vous êtes au centre de nombreuses initiatives locales. Qu’est-ce qui vous donne le plus d’espoir ?
Parfois je suis très démoralisée bien sûr. Nous sommes dans notre petite bulle avec plein de gens passionnants et investis. Mais en faisant un pas de côté, on se dit souvent que le chantier est énorme, qu’on ne va jamais y arriver. Et en même temps, depuis quelques années, les sujets qui nous préoccupent sont entrés dans l’espace public, grâce à la voix de scientifiques, d’intellectuels, de paysans, d’architectes qui portent ces questionnements. Nous sommes nombreux à vouloir faire autrement, à vouloir engager des transformations écologiques et sociales là où nous vivons.
D’un autre côté, je reste assez positive parce qu’il y a plein de choses à inventer pour aller vers un épanouissement plus profond. On essaie de créer les conditions qui permettraient de déclencher un effet de bascule, mais on n’est pas sûrs d’y arriver. Il faudrait qu’on sorte tous du bois et qu’on se dise: maintenant, on le fait! Mon souhait serait que toutes les graines que l’on sème trouvent un terreau fertile à un moment, si possible dans pas trop longtemps!
Propos recueillis par Simon Gouin
Photo de une : Les Chemineurs », randonnée curieuse avec Maël Trémaudan à Saint-Rémy-sur-Orne (Calvados), Chantiers communs, mars 2023 – crédit : Alban Van Wassenhove