Pour sa neuvième participation au Tour de France, Guillaume Martin-Guyonnet sera très attendu chez lui, à Sainte-Honorine-la-Chardonne (Orne), que le peloton traversera lors de la sixième étape entre Bayeux et Vire le 10 juillet. À quelques jours du grand départ, le cycliste de 32 ans, huitième du classement général en 2021, a pris le temps de nous recevoir à Dives-sur-Mer, où il possède un pied-à-terre. Dans ce long entretien, le « vélosophe » revient sur son parcours atypique, à jongler entre sport et littérature, et explique comment il parvient à concilier cyclisme professionnel et convictions écologiques.
Grand-Format : Vous n’êtes pas sur le vélo aujourd’hui ?
Guillaume Martin-Guyonnet : Non, je profite de deux jours de repos après le Dauphiné (dixième au général) pour faire autre chose, réparer un vélo, répondre à des mails, avant de rejoindre mon équipe demain pour repérer l’arrivée d’étape à Rouen. Le grand public voit surtout le Tour de France, mais une saison cycliste ne se limite pas à juillet. Les courses commencent en janvier-février pour se terminer en octobre. Souvent, quand on a le Tour de France en tête, il y a une coupure début mai. Pour ma part, je suis parti trois semaines en stage en Sierra Nevada (Espagne) avec mes coéquipiers. Et en dehors des regroupements, je m’entraîne seul chez moi, en Suisse normande, en suivant le programme donné par les entraîneurs. J’ai rejoint une nouvelle équipe cette saison (Groupama-FDJ) en tant que leader, même si je n’ai pas d’objectif précis sur le Tour. J’ai assez d’expérience pour comprendre qu’il peut se passer beaucoup de choses pendant ces trois semaines, et qu’il faut aussi prendre la course un peu à la cool. Ce qui doit arriver arrivera !
On reconnaît le philosophe… Mais pouvez-vous d’abord nous raconter vos débuts en cyclisme ?
J’ai eu la chance de grandir au bout d’un chemin en pleine nature, dans un lieu-dit (La Boderie) à environ 3 km de Sainte-Honorine-la-Chardonne, petit bourg de 500 habitants. C’est là que se trouvent nos gîtes familiaux, et où j’habite encore, pas loin de la Roche d’Oëtre, un belvédère naturel très sympa quand on se balade à vélo. Le domaine où j’ai grandi est assez grand, dix hectares, et pour un enfant, c’était un excellent terrain d’expression physique. Petit, dès six-sept ans, je m’amusais à faire des tours à vélo dans la cour devant chez moi, à me chronométrer et améliorer mon temps. Très vite, j’ai arrêté de regarder les dessins animés pour regarder les chaînes sportives. J’ai fait un peu de foot, dix ans d’aïkido parce que mon père donnait des cours, et à douze-treize ans j’ai commencé le cyclisme au club de Condé-sur-Noireau. À l’époque, c’était un sport ringard, mais depuis la crise du Covid, j’ai l’impression que c’est plus en vogue, notamment via le tourisme à vélo. Aux gîtes, on l’a vraiment ressenti : les gens qui se sont retrouvés enfermés pendant plusieurs semaines ont aujourd’hui une appétence pour sortir, être au contact de la nature. Il y a eu un essor au niveau du tourisme local, et je crois que la Suisse normande en a bénéficié.
Et la philo ? Comment avez-vous concilié vos études avec le sport de haut niveau ?
Je me suis toujours laissé guider par mes passions, sans vraiment avoir de plan. Dans le système français, on a envie de cloisonner les gens, les choses. J’étais un bon élève, donc la voie normale, c’était de faire un bac scientifique et surtout pas de sport-études – c’était plutôt mal vu à l’époque. Mais comme j’étais un peu têtu, j’ai voulu faire ce que j’aimais, alors j’ai passé un bac littéraire en sport-études au lycée de Flers, puis une classe prépa littéraire à Rennes. Là aussi, on me disait que c’était impossible de continuer le sport, mais j’ai pu mener les deux de front. C’est en prépa que j’ai eu un très bon prof de philo. J’avais déjà une attirance pour la discipline, je lisais quelques livres de philo même avant la terminale, mais c’est vraiment ce prof qui m’a donné le goût. Par la suite, je me suis orienté vers une licence et un master de philo, tout en continuant ma carrière sportive. Je n’ai eu que très tard l’ambition de passer cycliste pro, et de la même manière je faisais de la philo sans me dire que j’allais devenir prof de philo, ni savoir où ça allait me mener.
Et votre conscience écologique, comment est-elle née ?
C’est venu progressivement, avec la société. J’ai baigné dans un environnement familial où il y avait ces considérations-là. En grandissant au milieu de la nature, on a peut-être un peu plus conscience de certaines choses. Mes parents, sans être de grands militants, étaient concernés par ces sujets. Ensuite, je me suis éduqué petit à petit sur l’écologie comme beaucoup de gens de nos générations. Et en tant que cycliste, je suis peut-être un peu plus que d’autres témoin de certains changements dans la mesure où je fais un sport d’extérieur, au contact de la nature au quotidien. Je peux vraiment ressentir le changement climatique. Quand on fait le Tour de France en juillet, que tous les ans il fait un peu plus chaud, qu’il y a des haies arrachées par endroit, on le voit directement.
Le cyclisme professionnel est financé par de riches sponsors pas forcément vertueux et implique une importante débauche d’énergie. N’est-ce pas compliqué de naviguer dans ce milieu en contradiction avec vos convictions personnelles ?
C’est difficile, en effet, et il y a longtemps que je me suis posé la question. Par exemple, au moment de faire des choix d’équipe, j’étais parfois face à un réel dilemme d’une équipe qui pourrait m’intéresser sportivement mais portée par un sponsor avec lequel je ne suis pas du tout en phase. Est-ce que je renie complètement mes convictions ? Est-ce que j’accepte de dissocier le sponsor, ses valeurs, ce qu’il représente, de l’équipe et du projet sportif ? Les équipes sont sponsorisées par là où il y a l’argent : TotalEnergies, Ineos (groupe pétrochimique britannique), et les pays du Golfe, les Émirats Arabes Unis, le Bahreïn (et le Kazakhstan, NDLR)… Il y a des pétrodollars derrière, et forcément le modèle économique repose sur l’exposition médiatique des marques ou des pays. Par rapport à cela, ma réponse à moi-même, c’est qu’il est illusoire d’arriver à des situations optimales. On fait tous des concessions dans la vie de tous les jours, on a à peu près tous des téléphones qui utilisent des métaux rares fabriqués on ne sait trop comment, qui viennent de très loin. L’enjeu, c’est de faire non pas parfaitement, mais mieux. Il y a certaines équipes sur lesquelles j’ai tiré un trait catégorique, d’autres dont il me semblait O.K. de défendre les couleurs.
« Est-ce que je renie complètement mes convictions ? Est-ce que j’accepte de dissocier le sponsor, ses valeurs, ce qu’il représente, de l’équipe et du projet sportif ? »
Peut-on être cycliste pro et écolo ?
Le cyclisme est un sport vert, un mode de déplacement doux, mais pratiqué au niveau où je le pratique, cela implique un certain nombre de choses, des courses aux quatre coins de l’Europe, voire du monde, des déplacements en avion, des déchets plastiques, qui font que mon bilan carbone est plus élevé que la moyenne. Néanmoins, je trouve cela triste de devoir nous limiter à nos fonctions vitales. Le sport, évidemment, n’est pas essentiel, mais au même titre que l’art, c’est quelque chose qui vient en plus, une forme d’acte gratuit de l’être humain. Ce serait dommage de s’interdire d’en faire, en revanche on peut le faire d’une certaine manière. Concrètement, j’essaie d’être le plus proactif possible auprès de mon équipe, notamment pour effectuer des déplacements en train, car je vois des choses assez affligeantes et démoralisantes. Le réflexe, dans beaucoup d’équipes, c’est l’avion systématique, même sur des courts trajets, et si je ne fais pas la démarche, c’est l’avion qui me sera réservé. Pour le coup, ça ne choque pas grand monde. De manière générale, j’ai l’impression qu’il y a un retour en arrière depuis quelques années, que le sujet écologique est beaucoup moins au centre des attentions.
Vous faites le parallèle avec la société civile ?
Oui, il y a de plus en plus de difficultés financières pour une bonne partie de la population, alors on se recentre sur les considérations immédiates de fin du mois avant de passer à la fameuse fin du monde. On est aussi dans une société où l’énergie est un vrai sujet, et que fait-on quand on fait du sport ? On dépense de l’énergie, des calories, pour rien. Et il y a même des entraînements où je dois me forcer à beaucoup manger pour habituer mon corps à être capable d’absorber des quantités importantes de glucide. Intellectuellement, cela soulève des questions surtout quand on est dans des régimes de pénuries. J’en parle dans mon dernier livre (Les gens qui rêvent, Grasset, 2024) : les gens vont dans des salles de sport surchauffées pour pédaler sur des vélos d’intérieur reliés à un réseau électrique parce qu’ils ont besoin d’électricité pour fonctionner. On marche à l’envers : faire du sport devrait générer de l’électricité, et c’est quand même plutôt une activité d’extérieur. Le faire dans un environnement standardisé, dans une salle un peu aseptisée avec des machines, ça me semble contre-intuitif.
L’enjeu climatique semble bien loin, en effet…
Aujourd’hui, il y a une sorte de déconnexion entre l’activité sportive et l’environnement, alors que c’est forcément lié pour moi. C’est aussi ce que j’aime dans le vélo : il faut être capable de laisser parler l’instinct, le corporel, et cela permet de retrouver une forme d’animalité, même si le mot est un peu fort. Le sport me sert à cela : à agir par instinct. Qu’on soit pratiquant ou spectateur, il y a une forme de catharsis, et c’est mieux que cela se passe dans un cadre institutionnalisé plutôt que de l’exprimer par la violence. Cela permet de transformer les pulsions en quelque chose de positif plutôt que négatif, un peu comme l’art.
Comment expliquer cette déconnexion entre sport et nature ?
Le sport est quelque chose d’assez récent dans l’histoire de l’humanité, il y en a eu chez les Grecs, mais le renouveau du sport c’était il y a un siècle et demi, il n’y a pas longtemps. Ce n’est pas complètement un hasard si le sport est apparu au XIXe siècle, que ça coïncide avec la révolution industrielle, donc avec un moment de l’histoire de l’humanité où toute une classe dans la population s’est mise à ne plus travailler physiquement, à devenir des gestionnaires, à travailler au bureau. Les gens se sont retrouvés un peu désœuvrés corporellement, et comme l’être humain est fait, je crois, pour être à la fois corps et esprit, on a inventé le sport comme une version un peu artificielle pour reproduire les travaux à la ferme, les travaux physiques, qui étaient le quotidien des gens auparavant. Les salles de sport en sont un peu la continuité, et l’essor des sports extrêmes me semble être aussi dans la lignée. Maintenant qu’on a des vies de plus en plus confinées, réglées, ça ne me semble pas illogique qu’on ait le besoin inverse d’une dépense totale, symbolisée par l’ultra-trail, les marathons à vélo, toutes ces choses-là.
Parmi les autres reproches faits au cyclisme professionnel, il y a aussi l’hyper-médicalisation. Comment le vivez-vous à titre personnel ?
Je vais prendre l’exemple du paracétamol, qui est un peu le degré alpha d’un médicament qui peut être détourné à cette fin. Dans les faits, le paracétamol n’est pas d’une grande aide à la performance, cependant certains cyclistes ont le réflexe d’en prendre avant le départ d’une course en se disant que c’est un anti-douleurs, que ça va aider à la performance. Cette démarche là, intellectuellement, me gêne. Clairement, je ne suis pas du tout dans cette logique. On pourrait penser que l’hyper-médicalisation participe de l’industrialisation du sport, avec l’importance de l’argent, mais cela ne me semble pas être l’essence même du sport. J’ai ma position individuelle par rapport à cela, et je pratique le sport que je veux faire, tel que je veux le faire. Je pense avoir la force de le dire, sans me laisser trop absorber par le système et ce qu’il implique, et je trace mon chemin.
Parlez-vous de tous ces sujets avec les autres coureurs ?
Je suis très souvent dans une vie en groupe, en déplacement plus de 200 jours par an, donc forcément, dans ces moments-là, on ne parle pas que vélo. Tous les sujets peuvent surgir, au gré de l’actualité. Une équipe cycliste est une micro-société, donc comme toute société on retrouve à peu près tout le spectre des opinions. Avec certains coureurs, il est plus facile de parler de certains sujets, et il y en a d’autres que ça n’intéresse pas, comme partout. On me demande souvent si dans le milieu je suis regardé avec des gros yeux, comme un ovni… En vérité, non, parce que sociologiquement le cyclisme est un sport qui aujourd’hui regroupe des gens de milieux très différents. Ce cliché de l’intello au milieu du groupe de bourrins, ça ne reflète pas la réalité.
« Ce cliché de l’intello au milieu du groupe de bourrins, ça ne reflète pas la réalité. »
Les sportifs qui, comme vous, prennent position publiquement sur des sujets de société sont pourtant rares. Pour quelles raisons ?
Déjà, les journalistes n’interrogent pas forcément les coureurs sur des sujets autres que leur sport, peut-être parce qu’ils ont aussi des a priori en se disant que ce sont juste des sportifs et qu’ils n’ont pas de réflexions derrière, ou alors ils se concentrent sur une ou deux figures qui se sont exprimées une première fois, des bons clients, et vont toujours interroger les mêmes – typiquement, ils viennent souvent me voir quand il y a un sujet de société qui émerge pendant le Tour. Après, la grande question, c’est : de quel droit on prend position ? Quelle est notre légitimité à parler de sujets politiques quand on est sportif et qu’on n’a pas forcément de formation de connaissances approfondies du sujet ? Ce débat a surgi dans les mois précédant la dernière élection américaine. La chanteuse Taylor Swift, notamment, s’est pris une volée de bois vert à cause de ses prises de position contre Trump. Les gens lui disaient qu’elle était là pour chanter et pas pour leur dire ce qu’ils devaient penser. À titre personnel, j’ai un peu évolué au fil de ma carrière. Au début, j’étais plutôt dans l’optique de me dire : « je suis sportif, je peux avoir mes convictions personnelles, mais je ne vais pas les mettre sur la place publique ». Ensuite, j’ai considéré que finalement, il y a plein de gens qui ont des convictions même plus fortes que les miennes et qui rêveraient d’avoir un micro tendu devant eux, un pouvoir d’influence. C’est presque un devoir de le faire, et presque indécent de ne pas utiliser le micro qui est devant vous pour dire ce que vous pensez.
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Guillaume Martin-Guyonnet et l’information
« Je suis abonné au Monde, que je lis plutôt de manière numérique comme beaucoup de gens, vu que je suis toujours un peu en déplacement. J’ai quand même la démarche, quand je prends le train notamment, d’acheter mon petit journal papier, et j’aime bien changer de titres, jouer sur le spectre des angles. Et puis quand je suis chez moi, j’ai ma petite routine : je regarde le journal de 20 h, comme un petit vieux – j’ai un peu honte de le dire ! (rires) En revanche, je ne suis pas du tout sur les réseaux sociaux : j’ai arrêté Twitter (X) y a trois-quatre ans et ça m’a fait le plus grand bien !
Ne craignez-vous pas que cela ait des conséquences néfastes pour votre carrière ?
Il y a effectivement une pression des sponsors qui, dans certaines équipes, je le sais, demandent aux coureurs de ne pas prendre position sur des sujets politiques ou sensibles, parce que les clients de leur marque pourraient être en désaccord. L’an dernier, juste avant le départ du Tour, quand le RN était très haut placé dans les sondages pour les élections législatives, j’ai eu une prise de position (contre l’extrême droite, NDLR) parce qu’on m’interrogeait sur le sujet, et derrière, j’ai fait l’objet d’un recadrage de la part de la marque de mon groupe sportif (Cofidis). Je peux le dire maintenant vu que je n’en fais plus partie. C’est le modèle économique du vélo qui est problématique parce qu’on est très dépendants des sponsors de marques. L’argent ne vient pas de la fédération, il n’y a pas de redistribution des droits télé, contrairement au foot et au rugby par exemple. On est complètement tributaires de mécènes…
« J’ai un peu abandonné l’idée de changer le monde et de révolutionner le système, si tant est que j’aie jamais eu cette ambition, pour me concentrer sur ce qui m’entoure, ce qui dépend de moi, ce qui est à ma portée. »
Vous n’avez pas déserté le cyclisme pro malgré ses écueils. Tentez-vous de le changer de l’intérieur ?
Déserter ou changer de l’intérieur, c’est la question de base que je me posais avant d’écrire La société du peloton (Grasset, 2021), et ma réponse est peut-être un peu pessimiste. J’ai un peu abandonné l’idée de changer le monde et de révolutionner le système, si tant est que j’aie jamais eu cette ambition, pour me concentrer sur ce qui m’entoure, ce qui dépend de moi, ce qui est à ma portée. Dans les discussions avec certains coéquipiers, j’entends quelque chose qui revient : pourquoi on s’embête à faire le tri des déchets alors qu’à Dubaï ils climatisent les rues, qu’au Pakistan il y a des montagnes de déchets à ciel ouvert ? Moi, la seule réponse que j’arrive à m’apporter à moi-même, c’est qu’on ne trie pas des déchets pour changer le monde, mais simplement pour se regarder dans la glace à la fin de la journée, et au moment où le monde va s’écrouler. C’est peut-être minimal et très individualiste comme réponse, mais c’est celle que j’ai trouvée.
Voyez-vous votre avenir professionnel plutôt dans le milieu du cyclisme ou de l’édition ?
Je n’ai pas de plan d’après-carrière. Je suis resté comme à 20 ans, à me laisser porter par les événements et les opportunités. Ceci dit, je ne suis pas certain de rester les deux pieds dans l’univers du vélo. En revanche, je pense, sans en être sûr, que je continuerai à écrire d’une manière ou d’une autre. En ce moment, je planche sur une pièce de théâtre (sa deuxième, après Platon vs Platoche) qu’on m’a commandée sur la crise de notre société vue à travers le cyclisme. Le journalisme est une voie qui m’intéresse également. Après, il y a aussi La Boderie, les gîtes familiaux dans lesquels je suis déjà impliqué – en ce moment, je m’occupe de la comptabilité – et qui, c’est à peu près sûr, occuperont une bonne partie de mon après-carrière. On a un public très varié, pas spécialement lié au vélo, même si la Vélofrançaise passe pas loin et qu’on est labellisés Accueil vélo. C’est un projet familial qui a beaucoup compté pour mes parents, et que j’ai envie de perpétuer.
-> Du Tour de France au gîte normand : l‘article du magazine Village (accès payant) sur Guillaume Martin-Guyonnet.
Vous y avez d’ailleurs consacré votre dernier livre. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Mon père est originaire de Suisse normande, et ma mère est Parisienne. Ils se sont rencontrés à Paris, où je suis né et où ils ont eu ce projet de retourner en Normandie quand j’étais encore bébé. Mon père a retrouvé ce lieu où il allait pêcher petit, un ancien domaine du XVIe siècle qui était complètement en ruines. Ils ont eu ce projet un peu fou de le rénover pour pouvoir travailler sur leur lieu de vie. Une ancienne grange a été transformée en dojo pour la pratique des arts martiaux – mon père y a donné des cours d’aïkido pendant dix-quinze ans ; une autre grange est devenue une salle de théâtre – ma mère était comédienne et metteuse en scène – ; et d’autres bâtiments ont été rénovés pour qu’on y habite, et ensuite y aménager des gîtes. C’est une sorte de tiers-lieu né dans les années 90, avant le concept de tiers-lieu. Ma mère est aussi une néo-rurale avant que le concept n’existe ! J’ai grandi dans cet environnement-là, et forcément ça m’a marqué, ça a créé un attachement, contrairement à mon frère, qui est parti le plus loin possible. Pour moi, ça a été l’effet inverse. Je ne suis pas hyper tourné vers la mer, mais j’aime la Suisse normande de manière générale, et j’en suis fier !
Propos recueillis par Camille Vandendriessche.
Photos : Marine Thomann