À la Ferté-Macé, une ancienne caserne de pompiers est devenue, depuis quatre ans, une caverne d’Ali Baba. Entre les assiettes vintages, les commodes en bois, les jouets pour enfants et objets en tout genre, chacun y trouve son bonheur.

Ce jour-là, une poignée de bénévoles s’activent pour faire marcher la fourmilière. Quand certains emballent les objets, d’autres lavent, testent et réparent les dernières trouvailles rapportées des habitants, qu’ils soient particuliers ou professionnels. À la suite d’un burn-out lié à son ancien poste d’Aide Médico-Psychologique (AMP), Marie décide de s’engager bénévolement pendant deux ans au sein de la ressourcerie Les Fourmis Vertes, à Flers. Cette expérience humaine et solidaire la marque profondément. Si bien que, quelques années plus tard, animée par la même envie d’agir localement et de créer du lien, elle fonde sa propre antenne à La Ferté-Macé : Les Fourmis Fertoises. Désormais officiellement enregistrée, la recyclerie s’inscrit pleinement dans le tissu local.
« Ici, tout le monde va aux fourmis ou tout le monde va chez Marie »
Son implantation ne doit rien au hasard, située entre Flers, Alençon et Argentan, la recyclerie a trouvé sa place en centre-ville, à proximité des HLM : « On est loin de tout ici, il n’y a pas grand-chose. Mais justement, la recyclerie c’est un lieu sans barrière sociale, accessible à tous. Ici, tout le monde va aux fourmis ou tout le monde va chez Marie ! », sourit Marie.
À travers ce projet, elle défend une vision inclusive et solidaire, où chacun peut trouver sa place, quelle que soit sa situation. L’association est aussi soutenue ponctuellement par des subventions, notamment via le FDVA (Fonds pour le Développement de la Vie Associative), Flers Agglo, et suivie par l’ARDES (Association Régionale pour le Développement de l’Économie Solidaire).


Marie, créatrice des Fourmis Fertoises depuis 2019.
Éviter l’isolement et le gaspillage
En plus de deux salariés, l’association compte une vingtaine de bénévoles, sans lesquels elle ne pourrait pas fonctionner. Un planning sur quinze jours est organisé et chacun s’inscrit en fonction de ses envies et de ses disponibilités. « Recycler, c’est sortir du système de consommation de notre société capitaliste » souligne Alexandra, une des bénévoles. « On jette tellement de beaux objets qui peuvent avoir une seconde vie », regrette Ivette, une autre bénévole.


Originaire du Texas, Thomas a rejoint les bénévoles cette année : « Ça m’aide à progresser en français », confie-t-il.

Si les Fourmis Fertoises permettent une réduction considérable des déchets et du tonnage en enfouissement, elles sont aussi et surtout un lieu social, autant pour les bénévoles que les salariés et les clients. « La recyclerie, c’est une activité qui regroupe les gens pour éviter l’isolement, certains clients viennent et ne repartent avec rien, ils viennent juste discuter avec nous », souligne Marie. Pour Marie-Claude, bénévole aux Fourmis Fertoises, s’engager dans cette activité était la suite logique après la retraite. « Je ne voulais pas rester à ne rien faire une fois en retraite, et à l’origine je voulais être brocanteuse, alors pour moi, c’est une évidence d’être ici », dit-elle.






« J’aime les objets anciens mais ce que j’aime par-dessus tout c’est le collectif, les gens et le handicap »
Si une majorité des bénévoles sont des retraités, Marie tient à faire participer un public en situation de handicap : « Nous n’avons pas de gros impératifs, chacun va à son rythme donc nous pouvons accueillir tout public qui souhaite s’engager dans la recyclerie. »


Au-delà de la recyclerie, Les Fourmis fertoises développent des actions tournées vers l’inclusion et la pédagogie : « J’aime les objets anciens mais ce que j’aime par-dessus tout c’est le collectif, les gens et le handicap », affirme Marie. Des ateliers de tri de jeux de société, dans des établissements scolaires et des centres accueillant des personnes en situation de handicap, sont régulièrement proposés. Ces interventions offrent à un public, souvent éloigné des circuits classiques, une occasion de participer à une activité ludique et utile, tout en favorisant le lien social et en valorisant les compétences de chacun.
Côté perspectives, rien n’est encore défini, mais l’idée d’un nouveau lieu fait son chemin. Marie aimerait un jour relocaliser la recyclerie. « Aujourd’hui on partage trois petits bâtiments peu pratiques », souligne-t-elle. À terme, elle aimerait transformer Les Fourmis Fertoises en entreprise adaptée, capable d’accueillir enfants et adultes en situation de handicap, à l’image d’un ESAT, tout en conservant sa vocation écologique et solidaire.
Les Fourmis Fertoises sont ouvertes le mercredi de 14h à 18h30, le jeudi de 9h à 12h30, le vendredi de 14h à 18h30 et le samedi de 9h à 12h30 et de 14h à 18h30.
Pour en savoir plus :
Infos pratiques sur l’annuaire de La Zouille
La charte des ressourceries et recycleries
Textes et photos : Marine Thomann

