Vendredi 1er octobre, l’Afghane, Sonita Alizadeh, 25 ans, a reçu le Prix Liberté lors du forum Normandie pour la Paix, à Caen (Calvados). La jeune femme née sous le régime Taliban s’est fait connaître grâce à une chanson de rap postée sur YouTube, intitulée Mariée à vendre. Elle y raconte sa propre histoire: forcée à se marier, ses parents voulaient la vendre pour pouvoir acheter une mariée à leur fils.
Plaider sa cause
Alors qu’elle est âgée de 9 ans, le projet est avorté quand la guerre éclate. La famille se réfugie en Iran où elle accède à l’éducation et à un travail de femme de ménage. C’est en écoutant Eminem dans la salle de sport où elle travaille, que Sonita Alizadeh découvre le rap et ses mots scandés qui percutent. Elle s’en emparera pour en faire son art et son moyen d’expression et ainsi plaider sa cause et celle de toutes les femmes concernées par ce triste sort.
Sitôt sur la toile, la chanson connaît un écho immédiat. En 2014, la jeune femme apparait toute voilée de noir, sur fond noir, un code barre sur le front, puis en tenue de mariée, le visage tantôt bariolé de maquillage, tantôt bariolé de traces de coups.
Sur YouTube, un clip édité en 2018, s’accompagne de cette note: «chaque année, 12 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Cela signifie que les rêves d’une fille se transforment en cauchemars toutes les deux secondes. Levez-vous contre le mariage des enfants!»
Trois ans plus tard, cet appel résonne encore plus fort grâce à ses quelque 15 600 d’abonnés sur son réseau social de prédilection. La jeune femme a, à son actif, une vingtaine de vidéos postées. Désormais, elle vit aux États-Unis où elle étudie le droit pour devenir avocate et défendre les enfants et les femmes afghanes. En rappant, son plaidoyer a déjà commencé. Sonita Alizadeh a récemment posté un rap contre la politique du ministère de l’Éducation qui interdit aux filles de plus de douze ans de chanter à l’école. «Peu importe les lois qui passent, nous chanterons plus fort qu’avant!», affirme-t-elle avec force.
Laura Bayoumy
Photo : Randy Shropshire