Vincent Louvet, conseiller municipal d’opposition à Hérouville-Saint-Clair, était convoqué le 11 septembre au tribunal judiciaire de Paris pour dénigrement envers la mutuelle communale de la Mut’Com. En cause, des propos tenus en février 2025, lors d’une séance du conseil municipal, susceptibles d’entacher la réputation de la mutuelle, choisie un mois plus tôt par la municipalité. L’élu avait en effet interpellé la majorité sur plusieurs éléments : le « manque de transparence » sur le choix de la mutuelle, repêchée après avoir été écartée dans un premier temps, une « tarification opaque », mais aussi « le lien entre l’extrême-droite et la Mut’Com, dirigée par Robert Ottaviani, ex-cadre du Front national et soutien affirmé de Marine Le Pen ». Autre point soulevé : le fils du maire, Antoine Thomas, courtier en assurance, était le « référent de la Mut’Com dans le Calvados ». Les propos tenus en conseil municipal sont repris par la presse locale et sur le compte Facebook du « Rassemblement Citoyen » de Vincent Louvet. Le Poulpe publie une enquête.
« C’est une attaque contre un élu et contre le débat public. »
Le 19 mars, la commune d’Hérouville-Saint-Clair décide d’arrêter son partenariat avec Mut’Com. Le 31 mars, Vincent Louvet reçoit un courrier de mise en demeure de l’avocat de la Mut’Com, Maître Damien Challamel (l’avocat du RN lors du changement de nom du mouvement en 2012), pour retirer ses « propos litigieux » du réseau social et de tout autre support d’information publique. « C’est évidemment hors de question, réagit Vincent Louvet qui dénonce « une manœuvre d’intimidation. » Le 29 avril, il est assigné au tribunal. « Ce recours à la justice révèle une dérive inquiétante : faire taire ceux qui osent questionner. C’est une attaque contre un élu et contre le débat public. » Il reçoit le soutien du député PS Arthur Delaporte, qui publie dans un communiqué le 20 mai : « en alertant sur les conditions de ce partenariat et surtout l’ancrage à l’extrême-droite de cette structure, Vincent Louvet n’a fait qu’exercer une mission fondamentale de tout élu local : demander des comptes, interroger les choix publics, défendre l’intérêt général. Cela ne devrait jamais donner lieu à des représailles judiciaires. » Vincent Louvet a demandé la protection fonctionnelle en tant qu’élu pour couvrir les frais de justice, mais le maire Rodolphe Thomas a refusé de soumettre la question au vote. La ville a depuis signé un partenariat avec une autre mutuelle, La Mutuelle Familiale de Normandie. Le procès de Vincent Louvet est renvoyé : les avocats de la Mut’Com réclament 60 000 € de dommages et intérêts.
Pour en savoir plus sur les liens entre la Mut’Com et le RN : lire ici et ici.