La pollution plastique, un fléau quotidien

Selon l’Organisation des Nations unies, entre 1950 et 2017, 9,2 milliards de tonnes de plastiques ont été produites, 7 milliards sont devenus des déchets, soit près de 80% de la production de plastiques. La majeure partie n’est pas traitée, on dénombre seulement 9 % de déchets plastiques mondiaux recyclés. Ils finissent dans des centres d’enfouissements, des décharges à ciel ouvert. De nombreux déchets reposant dans ces décharges ou dans nos rues sont poussés par les pluies dans nos rivières. Les détritus tractés par les eaux se retrouvent alors en mer. Le malheureusement célèbre 7e continent, composé de plusieurs plaques de déchets flottant, présent majoritairement dans l’océan Pacifique, est composé à 90% de déchets provenant des fleuves.

Des conséquences désastreuses

Ces déchets présents dans cette décharge maritime se dégradent peu à peu dans l’eau. Le plastique en décomposition dans l’océan, se répand en micro-particules dans l’eau, elles contaminent la faune et la flore sub-maritime. À cause de cette pollution, plus d’un million et demi d’animaux marins meurent chaque année. Du plancton à la baleine, toute la chaîne alimentaire est bouleversée. De plus, les plaques de plastique transportent de nombreuses bactéries, ce sont des contaminants biologiques menaçant l’équilibre marin.

D’après l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (ANSES), les détritus de plastique mesurent « entre 5 millimètres à quelques centaines de nanomètres, soit 70 fois plus petit que l’épaisseur d’un cheveu ». La minuscule taille de ces plastiques accroît leur dangerosité, ils sont présents partout dans l’environnement, ils peuvent se répandre dans tous les organismes présents en mer. Ainsi, ces micro-plastiques sont ingérés par tous, via la consommation d’eau et de poissons. En une semaine, un être humain peut ingérer l’équivalent d’une carte bancaire, soit 5 grammes de plastique. Cet amoncellement de plastique met en danger la santé de tous les organismes vivants.

Des actions françaises

Peu à peu de nouvelles lois sont mises en place par le gouvernement pour lutter contre la pollution plastique, le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires tente de lutter contre la pollution grâce aux mesures phare portées par la loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire ». Appliquée depuis 2020, elle a pour but de mettre fin progressivement à tous les emballages plastiques à usage unique d’ici 2040.

En France, de nombreuses entreprises et associations ont entamé des mesures pour limiter leurs émissions polluantes, d’autres en ont fait leur cheval de bataille.

Parmi celles qui ont pris à bras-le-corps cette cause, on peut nommer l’entreprise Vertuoso, qui est passée récemment dans l’émission de M6 « Qui veut être mon associé ? ». Cette start-up en développement conçoit des systèmes de filtrations afin de bloquer la progression des plastiques dans les cours d’eau, pour éviter leurs arrivées dans les mers et océans du littoral français. Grâce à des stations de filtrage d’affluents et à des filtres ajoutés aux avaloirs de nos villes, elle veut limiter l’arrivée de plastique en mer.

D’autres entreprises se vouent à recycler les déchets plastiques peu traités auparavant. D’ailleurs, Nicolas Cahlik, le responsable d’une entreprise normande, met en garde : il faut différencier les termes recycler et valoriser, puisque valoriser signifie que les plastiques sont incinérés pour fournir une infime quantité d’énergie, alors que le recyclage permet réellement de donner une seconde vie aux plastiques.

Doriane SAMSON


Du plastique dans nos cosmétiques

Aujourd’hui, le plastique est omniprésent, que ce soit dans les emballages, dans les vêtements, et même dans nos cosmétiques.

De nombreux micro-plastiques sont présents en nombre dans les cosmétiques, ils sont introduits sous forme de granulé, ou utilisés comme agents liants dans des produits comme les gommages, les dentifrices ou le maquillage.

Les problèmes que posent cette présence dans des produits cosmétiques sont l’absorption des particules plastiques dans la peau et surtout leur diffusion dans l’eau. Les plastiques contiennent de nombreuses substances qui peuvent être toxiques, cancérigènes et des perturbateurs endocriniens.

Lors de la dispersion de ses composants plastiques de nos produits dans l’eau, les polymères et additifs contaminent chimiquement les mers, acidifient l’eau et déséquilibrent la vie maritime.

Les micro-plastiques sont utilisés dans les cosmétiques en raison de leurs coûts avantageux, et de leurs multiples déclinaisons diverses. Mais ces produits pourraient être remplacés par des composants biodégradables et naturels.

D.S.


Plastique recyclé normand

Interview de Nicolas Cahlik, qui a créé, à Bayeux, Agglo Plast, une entreprise de fabrication de plaques et panneaux composés de 100 % de plastique recyclé.

Comment est née l’entreprise?

En 2015, je me suis demandé “pour quelles raisons on recycle peu le plastique ?”, c’est surtout une question de coût, puisque pour recycler une tonne de plastique, cela coûte entre 2 à 3 000 euros, alors qu’il en faut 300 pour l’enterrer. Recycler du plastique coûte extrêmement cher alors que l’incinérer ou l’enfouir coûte 10 fois moins cher que le recyclage.

On ne recycle que 20% des plastiques dans le monde. Il y a sept grands types de plastique et certains ne sont pas recyclés aujourd’hui. La transformation des plastiques grâce au système breveté permet leur recyclage et d’éviter que le plastique ne parte à la mer, ne soit enfouie ou brûlé, le but est de stopper l’hémorragie.

Comment collectez-vous les déchets ? À quelle fréquence ?

Le plastique utilisé par l’entreprise est récupéré dans la mer. Je le récupère chez des entreprises ou des particuliers. Je préfère les entreprises, le plastique est facilement identifiable alors que chez le particulier c’est du tout-venant, c’est pas très propre. Mais comme on commence à être connu, de plus en plus d’entreprises nous donnent leurs plastiques.

Je fais des collectes toutes les 2 / 3 semaines, avec des amis sur les plages près de Bayeux.

Quels types de plastiques privilégiez-vous?

Je peux traiter toutes sortes de plastique, le plus simple est le plastique rigide, qui est peu recyclé actuellement, contrairement aux bouteilles d’eau qui sont les mieux recyclées aujourd’hui en France. Alors que les plastiques des entreprises ne sont pas traités à cause de leur taille qui ne convient pas aux tapis roulants des centres de tri.

Vous collaborez avec la fondation de la mer à travers le programme un geste pour la mer; qu’est-ce que vous apporte ce genre de partenariat ?

Cela permet du partage d’informations, mais aussi de la visibilité. On veut créer un partenariat qui nous permettrait de récupérer les déchets de leurs collectes en Normandie.

Combien de plastique avez-vous pu traiter ?

Depuis la fondation, on a pu recycler plus de 16 tonnes de plastiques. 

Propos recueillis par Doriane SAMSON

Doriane SAMSON