Etudiants globe-trotters

L’odyssée de Minjoo Kim à Caen

Près de 11 000 étudiants étrangers poursuivent leur scolarité en Normandie. À l’université de Caen, nous avons rencontré Minjoo Kim, une jeune étudiante de 23 ans originaire de Corée du Sud, venue étudier en France pour un semestre.

La culture française est populaire en Corée du Sud. Les Coréens connaissent la ville de Paris ou de Bordeaux pour la viticulture. Pourquoi avoir choisi la France et plus particulièrement Caen ?

Venir en France était une décision logique car je prends des cours de français depuis plusieurs années. J’ai d’abord sélectionné les universités qui proposaient des cours d’art du spectacle afin de poursuivre mon cursus entrepris en Corée. J’ai fini par postuler à l’université de Caen car mes professeurs parlaient beaucoup de la ville et des endroits à visiter. En vérité, j’étais attirée par les paysages et j’avais plutôt une bonne image de la France.

Tu étudies à Séoul dans l’université d’Ewha. C’est une université privée protestante réservée aux filles. La différence avec l’université de Caen est-elle déstabilisante ?

Pour moi, c’est bizarre de voir des hommes dans l’université. À Ewha, j’avais l’habitude de m’allonger entre les cours. Ici, cela me met mal à l’aise. Je trouve également que le système scolaire est beaucoup plus difficile en France. En Corée, il n’y a que deux examens dans le semestre. À Caen, les professeurs combinent plusieurs manières d’évaluer donc je dois vérifier les modalités d’examen à chaque fois et cela me demande plus de travail personnel.

« À Caen, les étudiants sortent moins la journée […] c’est dommage »

Les universités coréennes sont réputées pour leur modernité et la qualité de leur service. Que penses-tu des infrastructures de l’université de Caen ?

J’ai été très étonnée de voir que l’université de Caen était divisée en plusieurs campus, mais j’apprécie le fait qu’il y ait beaucoup de bibliothèques ici. Autour de mon université en Corée, il y a des restaurants et des magasins de maquillage donc les étudiants vont s’amuser entre les cours. À Caen, les étudiants sortent moins la journée, ils se contentent d’aller au restaurant universitaire ou à la cafétéria, c’est dommage.

Que penses-tu de l’accueil de l’université de Caen pour les étudiants étrangers ? Est-ce que cela t’a aidé à t’intégrer ?

Je pense avoir été très bien accueillie. Je loge dans une chambre universitaire du Crous, directement sur le campus. L’appartement est petit, mais suffisant. À propos de l’intégration, il existe l’association Erasmus in Caen qui organise une soirée toutes les semaines pour que les étudiants internationaux puissent faire connaissance. Je me suis également inscrite à des cours de français proposés par l’université. En soi, je ne regrette pas du tout d’être venue ici.


Yuna : une nouvelle vie sous le ciel norvégien

Yuna Autran, jeune étudiante caennaise, profite de l’année scolaire pour effectuer un échange universitaire en Norvège. Entre surprise et déconvenue, elle découvre un système bien différent du nôtre.

« Depuis toute petite, je voyage avec mes parents ». Yuna, 20 ans, est par nature une grande aventurière. Sa décision de faire un échange Erasmus était donc toute naturelle. Avec le recul, elle critique pourtant la difficulté des démarches. « Les formalités administratives ont été assez longues. Pour candidater, j’ai dû passer un test de langue et rédiger de nombreuses lettres de motivation. Une fois acceptée à l’université d’Oslo en Norvège, il a fallu que je refasse ma carte d’identité, je remplisse les demandes pour recevoir des aides financières, je prenne rendez-vous avec mes assurances, ma banque, mon médecin traitant…»

Pour effectuer tout cela, Yuna aurait aimé être accompagnée par l’université de Caen. « Les professionnels du Carré International nous ont proposé des réunions de préparation au départ, mais leur soutien n’a pas été beaucoup plus loin. Si je n’avais pas trouvé de logement par moi-même, je n’aurais eu aucune aide de leur part. Quand j’ai eu un souci par rapport à mon inscription en Norvège et que j’ai envoyé un mail à la responsable des échanges Erasmus, j’ai eu, pour seule réponse, un mail automatique disant qu’elle était en vacances. »

Nouveau pays, nouvelle aventure

Mais une fois arrivée en Norvège, Yuna, qui poursuit sa licence Humanités Numériques, oublie toutes les difficultés qu’elle a rencontrées face à un système scolaire qui la séduit. « Pour le premier semestre, j’ai choisi deux enseignements différents : « Contes de fée et créativité » et « culture, média et communication ». Les journées universitaires sont très différentes ici. Les cours commencent à 8h30 et se finissent à 14h30. Nous suivons une matière par semaine et c’est le professeur de cette matière qui décide de l’horaire des pauses et du déjeuner. En réalité, cet échange me permet surtout de me spécialiser vers le métier que je veux faire : celui de professeur des écoles. En effet, le système scolaire norvégien est plus pratique que théorique et grâce à des ateliers dans des garderies ou des écoles, je peux vraiment mettre en pratique le contenu de mes enseignements.

En plus de cela, l’intégration fait vraiment partie de l’éducation norvégienne avec des sorties scolaires organisées toutes les semaines. Il peut s’agir de randonnées, de sorties au musée ou simplement de se retrouver autour d’un feu de camp. Chose surprenante : nous sommes obligés de participer à trois sorties minimums pour avoir notre semestre. »

« Combiner étude et voyage est un bon compromis »

Pour Yuna, le verdict d’une telle expérience est sans appel. « Après réflexion, je pense que combiner étude et voyage à travers un échange Erasmus est un bon compromis car cela me contraint à devenir plus autonome et à sortir de ma zone de confort. Déjà, je m’améliore en anglais, mais surtout, je découvre des lieux magniTfiques, des gens adorables, une nouvelle manière d’enseigner et d’apprendre… Ça vaut de l’or ! »


Un verre, une langue : bienvenue au café polyglotte

Une fois par mois, le café polyglotte de l’université de Caen Normandie réunit celles et ceux qui veulent pratiquer une langue étrangère. Ce lundi 14 novembre 2022, la soirée s’est déroulée dans la maison de l’étudiant. Au rendez-vous, ambiance chaleureuse et ouverture sur le monde.

Le temps d’une soirée, la salle principale de la Maison de l’Étudiant est transformée en un lieu de partage. Les étudiants sont accueillis par les organisateurs dans la joie et la bonne humeur. Pour l’occasion, ces derniers décorent la salle avec des drapeaux en écoutant de la musique. Le principe du café polyglotte est simple : une langue est attribuée à chaque table. Les participants choisissent leur place en fonction de leur préférence et peuvent se déplacer au cours de la soirée.

Les soirées du café polyglotte sont issues d’un partenariat de plus de dix ans entre l’association Erasmus In Caen, la Maison des Langues et de l’International et la Maison de l’Étudiant. Le public privilégié de ces événements est donc principalement les étudiants internationaux en échange à l’université de Caen. Les propos de Yuko, étudiante japonaise, en témoignent : « Je suis déjà venue trois fois depuis mon arrivée en France en septembre. Je viens pour m’entraîner à parler anglais et français mais surtout pour faire connaissance et réussir à m’intégrer ».

D’après Juliette, vice-trésorière de l’association Erasmus In Caen, « un bon quart des participants reste des étudiants français qui viennent pour découvrir de nouvelles cultures ». Elle nous raconte elle-même comment elle a pris connaissance de ces soirées : « Alors que j’étudiais le suédois, je désespérais de trouver des natifs pour pouvoir m’entraîner. En venant au café polyglotte, je me suis rendue compte que beaucoup de personnes d’origine scandinave venaient faire un échange à l’université de Caen. Je n’avais juste pas conscience de leur présence. »

« Les jeunes c’est moins chiant que les vieux »

Contre toute attente, le café polyglotte touche un public très varié. Maryvonne et Thérèse, étudiantes atypiques âgées de 70 ans, partagent leur affection pour ce genre de soirée. « Les jeunes c’est moins chiant que les vieux. Ici, on peut parler sans complexe car ils sont accueillants et souriants ». Fanny, agente d’accueil, partage également cet enthousiasme : « Ça me fait très plaisir de voir des jeunes redonner de la vie à la Maison de l’Étudiant après les années tendues du Covid où toutes les activités étaient mises en pause. »

Le café polyglotte est finalement « un moment très immersif au cours duquel on rencontre des personnes de toutes les cultures, de toutes les religions, et avec des personnalités très différentes », conclut Juliette. C’est donc un pari réussi pour le café polyglotte qui réussit à s’imposer parmi les activités phares proposées par l’université.

Dossier réalisé par Rachel Viot, Océane Toullier et Camille Batard