Petits Formats
N° 17 – Mai 2022

Les dernières nouvelles de Normandie, sélectionnées par Grand Format.

Ce mois-ci, on vous parle de trafic de drogue, de projet de méga sucrerie, de permaculture et d’alternatives au transport routier…

Tatouages

Mouche accompagne les personnes condamnées dites «libres», au service pénitentiaire d’insertion et de probation. En parcourant les tatouages de son corps, l’écrivaine Shane Haddad dresse son portrait, intime et engagé. Comme un écho à la ville du Havre où ils vivent tous les deux.

Quatrième épisode : Monsieur Benbazoud

Les petites dépêches

Trafic de drogue à Canteleu

Mélanie Boulanger, maire PS de Canteleu et vice-présidente de la métropole de Rouen est mise en examen pour «complicité de trafic de stupéfiants. » Selon le journal Le Poulpe, la police disposerait de preuves à charge.

Double peine

Tanguy David, étudiant caennais en droit, a été refoulé du QG de Marine Le Pen au soir du second tour de la présidentielles. L’ex-soutien d’Eric Zemmour avait quitté Reconquête! suite à des insultes racistes du mouvement.

Solidarité Ukraine

Des jeunes du lycée professionnel L’Oasis, à Caen, ont retapé une maison pour accueillir une famille de réfugiés. À Granville-Langannerie (Calvados), les habitants ont rénové et meublé l’ancien logement de l’école.

Epuisés

300 agents hospitaliers du CHU de Caen étaient en grève, lundi, pour dénoncer leurs conditions de travail, « qui ne cessent de se dégrader ».

La mise à jour

Les nouvelles courtes, qui comptent, que vous avez peut-être manquées !

Santé • « Draguer les médecins » dans les déserts médicaux

«Recherche urgemment médecin». Ces affiches sont désormais fréquentes dans nos communes. Un tiers d’entre elles sont en situation de pénurie médicale: pas assez de médecins généralistes, encore moins de spécialistes pour couvrir les besoins de la population. Un chiffre: 9% des assurés de plus de 16 ans n’ont pas de médecin traitant. Les communes en sont venues à faire de l’œil aux médecins pour les attirer sur leur territoire. En 2018, le maire de Barneville-Carteret, dans la Manche, avait fait le buzz en proposant «un logement, son bateau et des repas au restaurantde la Marine ». Dans la Manche toujours, Saint-Vaast-la-Hougue, 1 712 habitants, se félicitait en février dernier de l’arrivée d’un couple de médecins sexagénaires, grâce au coup de pouce de l’assurance maladie: 95 000 euros d’aide aux praticiens s’installant dans les zones sous-dotées. Le problème, c’est que les deux médecins ont quitté une commune tout aussi sous-dotée, Fresnay-sur-Sarthe (Sarthe), où, selon sa maire, 2 550 des 3 000 habitants seraient sans médecin, en laissant penser qu’ils partaient à la retraite.

Travail • La semaine de 4 jours pour la savonnerie de Bellême

En mars, la savonnerie la Chapelle de Bellême, dans l’Orne, est passée à la semaine de quatre jours à la demande des salariés. «C’est une réflexion venue de l’équipe de production, explique Paul-Henry Nyet, le directeur général de la savonnerie, au micro de France 3 Normandie. L’idée était de garder bien sûr la même productivité, mais améliorer aussi la partie bien-être, bien vivre de tout le monde, ne rien chambouler, mais en même temps aussi varier un peu la manière de travailler.» Les 14 salariés de l’atelier ont proposé de changer leurs horaires pour tout caler sur 4 jours, avec une pause déjeuner raccourcie et des horaires élargis en journée. D’après le directeur, ils ont même gagné en productivité!

Agro-industrie • Projet de méga sucrerie près de Rouen

En 2025, une immense usine de transformation de betteraves devrait ouvrir près de Rouen. Le sucrier dubaïote AKS a été retenu par Haropa (groupement des ports de Paris, Rouen et le Havre) pour s’installer sur la friche industrielle de Moulineaux en Seine-Maritime. AKS envisage de produire 650 000 tonnes de sucre destinées à l’export et d’installer une raffinerie pour produire du bioéthanol. Soit potentiellement l’une des plus grandes sucreries de betteraves en Europe. AKS table sur un approvisionnement issu pour les deux tiers du département du Calvados. Là où a fermé la sucrerie du Groupe Saint-Louis à Cagny en 2020, affectant profondément la filière. Le Calvados et l’Orne pourraient donc redevenir une terre à betteraves. Encore faudra-t-il acheminer les betteraves jusqu’à Rouen. « Ça risque de coûter cher en carburant pour produire du carburant», alerte la Confédération Paysanne.

Energie • Macron prône la concertation pour l’éolien en mer

Mi-avril, entre les deux tours de l’élection présidentielle, le candidat Emmanuel Macron était en déplacement au Havre sur le thème des énergies renouvelables et des éoliennes. Sur France Bleu il a détaillé son projet sur le sujet, lui qui souhaite déployer cinquante parcs éoliens en mer d’ici 2050. Il a affiché une volonté d’aller vite, tout en gardant à l’esprit la nécessité de concilier les usages. «Jamais on ne déploiera des éoliennes en mer sans concertation avec à la fois les scientifiques, les pêcheurs, toutes celles et ceux qui partagent cet usage du maritime», a-t-il promis à cette occasion. Le déploiement de parcs éoliens au large des côtes normandes sera abordé lors de la prochaine édition de notre émission partenaire, Bonjour Turbine, enregistrée mercredi 11 mai.

Le décryptage

Pour mieux comprendre certains faits qui ont marqué l’actualité régionale au cours des dernières semaines

Transport • Moins de voitures sur la route !

Selon le ministère de la transition écologique, le transport routier est le mode de transport le plus émetteur de polluants dans l’air, responsable à lui seul de 33% des émissions de CO2. Or, si l’on encroit les prévisions, en 2050, le trafic routier aura augmenté de 34 %. À moins que… le rail et les transports en commun ne se développent. Focus sur deux alternatives normandes.

Railcoop veut remettre des trains sur le réseau

La coopérative ferroviaire Railcoop envisage d’ouvrir deux lignes Massy-Brest et Lille-Nantes, qui passeront par la Manche (Lison,Saint-Lô,Coutances,Avrancheset Pontorson-Mont-Saint-Michel) à partir de 2024. Créée suite à l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire, la première coopérative ferroviaire française compte aujourd’hui plus de 12 0000 sociétaires: citoyens, cheminots, collectivités et entreprises. Le transport de voyageurs par le rail nécessite moins d’un douzième de l’énergie requise pour déplacer une personne ou une tonne de marchandise par la route. Le réseau ferroviaire n’est pas utilisé au maximum de sa capacité (30% des gares existantes sont non desservies et le réseau actuel sert en priorité les grandes villes et les axes Paris-province). Et 61% des Français sont prêts à prendre le train plutôt que la route pour des raisons écologiques. C’est ainsi que Railcoop entend développer une offre ferroviaire complémentaire du service public sur tous les territoires. Concrètement, la coopérative fait rouler des trains de marchandises dans l’Aveyron depuis 2021 et lancera son premier service voyageur en décembre 2022, entre Bordeaux et Lyon.

Dans le Cotentin, des transports en commun étendus et plus fréquents

Depuis septembre 2021, l’agglomération du Cotentin, autour de Cherbourg tente d’apporter des solutions pour rendre les transports en communs plus accessibles et étendus à tout le territoire.

Le portrait

Des personnages atypiques ou inspirants en Normandie.

Ecologie • Un couple normand fait entrer le mot « permaculture » dans le langage juridique

Constance Canivet et Jule Butaeye habitent une yourte dans leur jardin-forêt, et sont les premiers à avoir obtenu un permis de construire pour leur maison à Merville-Franceville-Plage, près de Caen, sur une parcelle dédiée à l’agriculture.

Constance Canivet et Jule Butaeye ont quitté Mondeville, près de Caen (Calvados) pour emménager à quatre, avec les enfants, dans une yourte sans électricité, ni eau courante, à Merville-Franceville-Plage, entre Cabourg et Ouistreham. Ils ont investi dans une parcelle boisée d’environ 7 500 m² avec la ferme intention d’y construire leur habitat en terre et d’y développer la permaculture en créant L’Epi centre: leur lieu de vie ouvert au public.

Toutes les planètes semblaient alignées pour ceux qui se sont lancés dans les recherches de la pépite rare en décembre 2017 et ont aussitôt trouvé leur bonheur en janvier 2018, grâce au maire Olivier Paz qui a adhéré à leur projet.
«On voulait changer de bocal», se plaît à dire ce couple formé en 2015. Ils ont ainsi trouvé un terrain en pente, des arbres, un point d’eau, la mer à proximité. «C’est plus encore que ce que nous cherchions dans nos critères alors on a tout vendu.» La tête pleine de rêves mêlant leurs deux activités, de permaculture, pour Constance Canivet, et de projet social, pour Jule Butaeye, éducateur, ils n’imaginaient pas soudain «vivre une rupture administrative».

Car s’ils entendaient construire leur maison sur ce terrain agricole, ils se sont retrouvés confrontés à six refus. La demande de permis de construire était à chaque fois refusée pour différents motifs: «zone non constructible», «proche d’un monument historique» et soumise à la loi Littoral de 1986 qui protège les côtes de la bétonisation.

L’initiative

Un coup de projecteur sur ces initiatives qui construisent le monde de demain.

Agriculture • Les bons Plants d’Elise

Depuis le printemps, Elise Goulhot fait pousser sous serre des plants de légumes de saison bio, des aromates et des fleurs comestibles au Tronquay, près de Bayeux. Avec un objectif de zéro plastique. Une reconversion pour cette jeune parisienne, qui continue de travailler à temps partiel dans un studio de production de dessin animé. Elle vient de publier un livre, Les Bons plants d’Elise, pour aider les débutants à apprendre à semer, remarqué par l’émission La Terre au Carré sur France Inter. Portes ouvertes de la pépinière et troc de graines le 14 mai de 14h à 19h.

L’illustration

Les Baigneuses de la Presqu’île

«Je sors dans la nuit comme on se jette à l’eau, les dents serrées. Je marche droit devant moi, frôlée par les phares des voitures, ces prunelles aux aguets. Chaque fois que l’une d’elle s’arrête, la portière s’entrouvre, et une main me fait signe. Mon cœur s’arrête de battre.
Qui est là, qui m’attend à l’intérieur de cette voiture pleine de nuit? Je suis clouée sur place. Défense de s’enfuir! J’approche pas à pas, retenue par une corde invisible. Penchée, je regarde: cette seconde, c’est ma vie que je joue!
Une autre seconde aiguë et douloureuse, il faut que je me décide. Vite, la voiture n’attend pas, d’autres suivent, on m’observe, on m’appelle. Je n’ai plus qu’à sauter, à me laisser emporter, à peine la portière refermée.
Oui, la voilà la porte secrète et humiliée du Paradis, celle qu’il faudra lâcher et sucer comme une hostie nauséeuse, si on veut bouffer désormais. Chaque aube est une délivrance, une résurrection: on a échappé au pire.
» Extraits de «Le noir est une couleur» de Grisélidis Réal.

En mai 2020, le collectif Bazarnaom s’est installé sur la Presqu’île de Caen, transformant un hangar désaffecté en fabrique artistique et lieu de production mutualisé devenu le « B3 ». Sur cette friche industrialo-portuaire de 300 hectares en pleine transformation urbaine, nombre de bâtiments sont désertés, mais habités clandestinement par des personnes non recensées, à la marge, SDF, migrants, prostituées… Ces dernières travaillent dans des camions, jour et nuit, aux yeux de tous et pourtant ignorées. C’est pour leur donner la parole, comprendre ce qu’elles vivent, les reconsidérer, que Cendres Delort, comédienne et artiste plasticienne du collectif Bazarnaom, a imaginé le projet « Les baigneuses de la Presqu’île », qui prendra la forme d’une performance le 13 mai prochain.


Photographie ©Delma

À lire, à voir, à écouter…

Avoir ou être

Originaire du pays de Caux, dans l’Eure, Nicolas Fay était réalisateur de publicité parisien, boulimique de travail, avant que son monde ne s’effondre avec l’apparition du coronavirus. Avec sa famille, il est parti se confiner dans le Limousin. Là-bas, il a commencé à filmer les habitants du village et des alentours, et en a fait une web-série : les Résistants. Son histoire est à lire dans la revue Cultivons-nous.

À bicyclette

Au moment de prendre sa retraite, Vincent Berthelot a décidé de partir pour un long voyage à vélo au cours duquel il transporterait des lettres manuscrites qu’il s’engage à remettre en mains propres. « Les adresses dessinent son parcours, constellation de lieux et de rencontres. » Et sur sa route, Vincent se rend notamment en Normandie, à Hérouville Saint-Clair. Un récit savoureux à lire dans le magazine Bouts du monde, dédié aux Carnets de voyage.

Chants d’oiseaux

L’association de défense de la vallée de la Ludeà Carolles a décidé de créer une sonothèque des chants des oiseaux des falaises de Carolles et de la baie du Mont-Saint-Michel. Plus de 300 chants d’oiseaux ont été enregistrés en huit mois et seront bientôt mis en ligne sur le site de l’association. Certains sont déjà accessibles sur le site Xeno-Canto.

Zone à diffuser

Chaque été depuis 2016, Utopie Sonore réunit pendant une semaine des amoureux.ses de création sonore avec pour objectif de créer collectivement, partager, expérimenter… et diffuser 24 heures de direct sur le web et les radios FM associatives. En août 2021, deux membres de Grand Format ont participé à la résidence qui se déroulait sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Ils ont enregistré et monté un documentaire radiophonique sur l’histoire de 50 ans de lutte contre l’aéroport et son monde, racontée par les zadistes et les archives sonores. Une réalisation de Marylène Carre, Jean-Baptiste Julien et Céline Lemaitre à réécouter sur Radio Parleur.

Pêcher dans le noir

Dans la lumière blafarde des spots du port de Grandcamp-Maisy, les chalutiers normands rentrent de leur journée en mer pour décharger la pêche. Une création radiophonique de Camille Juzeau sur Arte Radio dans la série L’insomniaque, des histoires de la nuit.

Être bien dans sa tête et avec ses voisins

En avril, deux thèmes différents abordés par Bonjour Turbine. Une première émission autour du vivre ensemble et des communautés, avec le Carré Bleu d’Hérouville Saint-Clair. Une seconde concernant la situation de notre santé mentale, avec le Foyer Léone Richet.

Petits Formats x Bonjour Turbine

Notre newsletter est partenaire de l’émission radio Bonjour Turbine, produite par le Médialab du Wip à Colombelles. Les contenus des deux supports se répondent, par le truchement de Raphaël Pasquier. Prochaines diffusions les lundis 16 et 30 mai à 19h sur Radio Pulse (90 FM à Alençon), les vendredis 20 mai et 3 juin à 17h sur Station B. Également sur l’Audioblog, Spotify et Deezer. Prochainement sur Radio Bazarnaom.

Des nouvelles de Grand-Format

Le portail des médias libres

À Grand-Format, on est fiers d’être présent sur le portail des médias libres. Allez y jeter un œil ! Des enquêtes, des reportages, des points de vue… de plus de 130 médias engagés et indépendants à travers le monde.

Sondages : reflet de l’opinion ou outil d’influence ?

Pour Le Dôme, centre de sciences de Caen Normandie, l’équipe de Grand-Format a assuré le fact-checking et la synthèse d’une soirée dédiée aux sondages. À retrouver ici.

Cantine bio

Dans deux semaines, Grand-Format vous raconte comment une cantine d’un petit village du Calvados est parvenue à proposer des menus avec 90% de produits bio et locaux.

Cette newsletter, mise en forme par Pierre Hardel, a été réalisée par Marylène Carre, Simon Gouin, Emilie Auvray, Léo Mesnil et Raphaël Pasquier en partenariat avec le Médialab du Wip. Elle est éditée par le magazine Grand-Format, un projet de l’association Lire la suite.