Petits Formats
N° 8 – Juin 2021

Une fois par mois, des articles courts pour faire le tour de l’actualité en Normandie.

Ce mois-ci, on vous parle de risque nucléaire, de pesticide interdit, de candidats en campagne…

La mise à jour

Les nouvelles courtes, qui comptent, que vous avez peut-être manquées !

Environnement • Deux amendes pour Lubrizol et une prochaine mise en examen ?

Plus d’un an après l’incendie de son usine Seveso de Rouen, Lubrizol tente d’échapper à son procès. Mise en examen en février 2020 pour des manquements dans l’exploitation de son site ayant porté une«atteinte grave»à l’environnement et à la santé, la firme américaine a déposé en août dernier un recours en nullité, sur lequel le Parquet de Paris doit se prononcer le 30 juin prochain. Les avocats de Lubrizol déplorent les conditions de la procédure d’inspection diligentée par la Dreal à la suite de l’incendie. Le tribunal de police de Rouen vient toutefois de condamner la firme à payer deux contraventions de 1 500 € pour des infractions constatées par la même Dreal lors de la dépollution de son site fin 2019, comme l’a révélé Le Poulpe.

Agriculture • Procès des producteurs de carottes de Créances

Dix maraîchers, deux intermédiaires et un prestataire de services comparaissaient devant le tribunal de Coutances du 19 au 21 mai pour avoir utilisé, détenu ou vendu du dichloropropène, un pesticide interdit depuis 2009, sur les parcelles de carottes de sable AOP de Créances (Manche). On n’aura très peu entendu les arguments des agriculteurs, tenus au silence par leurs avocats qui ont tenté d’obtenir la nullité du procès. Le procureur a requis des amendes de 8 000 à 100 000 € pour les maraîchers. La décision du tribunal sera connue en septembre.

Nucléaire • Qui veut des pastilles d’iode ?

À 20 km autour de la centrale de Flamanville, tous les habitants situés dans le périmètre du Plan Particulier d’Intervention sont censés disposer de pastilles d’iode. Pour saturer leur thyroïde, en cas d’accident nucléaire. Sauf que, d’après la Préfecture de la Manche, moins de 25% des riverains ont retiré leurs pastilles en pharmacie. Manque d’informationou défaut de sensibilisation ? Il semble que les courriers adressés par EDF lors de la dernière campagne de distribution ne soient pas tous parvenus à leurs destinataires… L’association nationale des commissions locales d’information s’est par ailleurs alarmée, dans un rapport publié début mai, du manque de préparation des populations face au risque d’accident nucléaire.

Ecologie • Les éoliennes ? Du vent pour le RN

Au nom de la défense des paysages et d’un supposé non-sens économique et écologique, le Rassemblement national est vent debout contre les éoliennes, notamment au cours de cette période électorale (lire l’article du Monde). En Normandie, c’est l’ancien directeur de la surveillance du territoire (DST) et député UDF de la Manche, Yves Bonnet, qui incarne ce combat. L’homme qui se présente désormais aux côtés de Nicolas Bay, tête de liste RN aux élections régionales, se bat contre les éoliennes, dans le Pays de Caux avec l’association Patrimoine et Progrès.

Economie • Collisions à venir au MoHo

Lancé en 2017, ce projet de «Collider» (ou accélérateur de particules), installé dans une ancienne concession Renault à Caen, est enfin prêt à accueillir ses résidents et son public. Surfant sur l’imaginaire du D-Day, le MoHo vise à réunir étudiants, entrepreneurs, chercheurs et citoyens pour collaborer et innover. Le projet détonne par sa folle ambition et son budget colossal : 25 millions d’euros pour l’achat et la rénovation du bâtiment (dont 18 millions d’euros pour les collectivités publiques). À suivre…

Patrimoine • Reconnaissance mondiale pour le paysage cauchois ?

Depuis neuf ans, le Département de Seine-Maritime a pour projet l’inscription du clos-masure au patrimoine mondial de l’Unesco. Il s’agit d’un paysage et d’un habitat rural typique des fermes traditionnelles cauchoises : talus d’arbres hauts, maison d’habitation, dépendances, verger et potager. Un mémoire vient ainsi d’être remis pour intégrer la liste indicative des biens français. Une nouvelle étape avant un processus qui va durer encore plusieurs années.

Grand-Format x Bonjour Turbine
Notre newsletter s’associe à l’émission radioBonjour Turbine, produite par le Médialab du WIP à Colombelles. La chroniqueClés de lecturede Raphaël, également collaborateur deGrand-Format, se nourrira en effet désormais des contenus dePetits Formats. Prochain épisode deBonjour Turbineà écouter samedi 5 juin à 17h sur Radio Bazarnaom (92.3 FM à Caen).

Le décryptage

Pour mieux comprendre certains faits qui ont marqué l’actualité régionaleau cours des dernières semaines

Politique • Élections locales 2021, mode d’emploi

Initialement prévus en mars, les deux tours des élections régionales et départementales ont été reportés en juin à cause de la crise sanitaire. Ces scrutins auront donc lieu le dimanche 20 juin pour le 1er tour et le dimanche 27 juin pour le 2d tour. Vous pouvez vérifier la commune et le bureau de vote où vous votez sur votre carte électorale ou via ce formulaire sur Service-Public.fr.

Deux modes de scrutins très différents

Pour les régionales, vous allez devoir choisir parmi les 7 listes déposées, comportant chacune 112 candidats répartis en 5 sections départementales. Si aucune liste n’a obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés au 1er tour, un 2d tour est organisé avec les listes ayant obtenu au moins 10% des voix. La liste qui arrive en tête obtient un quart des 102 sièges à pourvoir, le reste est réparti à la proportionnelle.

Pour les départementales, votre choix se portera sur l’un des binômes femme-homme se présentant dans le canton où vous résidez (cartes des cantons du Calvados, de l’Eure, de la Manche, de l’Orne, de la Seine-Maritime). Pour être élu au 1er tour, le binôme doit obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés. Sinon, on procède à un 2d tour, avec les deux binômes arrivés en tête, ainsi que ceux qui ont obtenu un nombre de suffrages au moins égal à 12,5% des électeurs inscrits. Le binôme qui obtient le plus grand nombre de suffrages est alors élu.

7 listes et 400 binômes

Dans l’édition de mai de Petits Formats, nous vous présentions les candidats en lice pour les régionales en Normandie. Il y a toujours sept listes en compétition, mais deux changements : Nathalie Goulet (UDI) a jeté l’éponge, tandis que la députée LREM de Seine-Maritime Stéphanie Kerbarh a déposé une liste dissidente (son parti soutenant la liste sans étiquette de Laurent Bonnaterre). La composition détaillée des listes est à retrouver sur le site du Ministère de l’Intérieur.

Pour les départementales, plus de 400 binômes sont candidats dans les 131 cantons des 5 départements normands. Tous les conseils départementaux normands sont actuellement dirigés par une majorité de droite, après que la Seine-Maritime et l’Eure aient changé de couleur politique lors des précédentes élections en 2015. Le détail des binômes candidats est à retrouver sur le site du Ministère de l’Intérieur.

Action sociale et développement économique

Tel que défini par la loi NOTRe de 2015, les collectivités territoriales ont chacune des compétences spécifiques, dont vous pouvez retrouver le détail sur le site du Ministère de la Cohésion des Territoires. Les départements ont notamment en charge l’action sociale, les infrastructures et la gestion des collèges. Les régions s’occupent entre autres du développement économique, de l’aménagement du territoire et de la formation professionnelle.

Côté budgétaire, la Région Normandie a prévu en 2021 de dépenser 1,91 milliard d’euros. Pour ce qui est des départements, les budgets s’échelonnent de 396,61 millions d’euros pour l’Orne à 1,849 milliard d’euros pour la Seine-Maritime.

Le témoignage

Les propos d’un acteur normand face aux enjeux de notre époque.

Régionales • « Réconcilier fonte des glaces et lutte des classes »

Le député de Seine-Maritime Sébastien Jumel mène la liste PCF-France Insoumise aux Régionales. Mais peut-on être écolo tout en souhaitant l’implantation d’un nouvel EPR à Penly et en refusant le projet d’éoliennes au Tréport ?

«On ne parviendra pas à mener une politique efficace de protection de la planète si l’on ne réconcilie pas fonte des glaces et luttes des classes. Je ne crois pas à une écologie qui consiste à montrer du doigt ceux qui sont obligés de prendre leur bagnole pour aller bosser parce qu’on a déménagé leur entreprise, pour se soigner parce qu’il n’y a plus de médecin en campagne, pour aller à l’école parce qu’on a fermé les écoles en milieu rural et qui oublie que 1% des plus riches polluent plus que 50% des plus pauvres. À gauche, certains font le choix du renoncement industriel et ne se préoccupent que des 20% de ceux qui vont bien. Il faut réconcilier urbain et rural, réimplanter des écoles, des services publics, des entreprises dans la proximité, développer des lignes de train sur le territoire et une politique publique de logement et de rénovation thermique qui ne profite pas seulement à ceux qui toucheront un chèque énergie pour rénover le toit de chaume de leur résidence secondaire.

Il y a un combat d’urgence: empêcher la privatisation du secteur de l’énergie, le projet Hercule de démantèlement d’EDF. Le développement d’une énergie décarbonée passe par un mix énergétique. Je rêve d’une solution sans nucléaire, mais dans l’état actuel, je n’ai pas de solution pour sortir du nucléaire du jour au lendemain. Pour atteindre 50% de nucléaire (objectif du gouvernement), il faut des carénages des centrales actuelles et de nouveaux réacteurs, et je défends la candidature de Penly. Sur les énergies renouvelables, il faut structurer une filière made in France, made in Normandie aussi sur Cherbourg et Le Havre, et pour cela il faut une planification qui prenne en compte les usages, dans la concertation avec les acteurs de terrain. Le projet éolien du Tréport va flinguer la pêche artisanale en s’implantant sur les zones de reproduction juvénile, alors que les bateaux usines hollandais continueront de piller nos fonds marins avec le soutien de l’Europe. Macron est favorable à l’éolien, mais pas au large du Touquet. Les bourgeois sont toujours pour les énergies renouvelables, mais pas devant leur résidence avec piscine. J’assume d’être un écolo qui réconcilie fin du monde et fin du mois.»

L’illustration

Prêtre et dessinateur

Christophe Peschet est curé à Flers, dans l’Orne. Depuis le premier confinement, il publie tous les jours un dessin humoristique sur sa page Facebook. Il mêle la lecture des textes bibliques avec l’actualité, se moque gentiment des travers de l’Église, et saisit toute occasion pour susciter le rire. Un recueil de ses dessins a été édité par la librairie Publica de Caen, et l’ouvrage a été sélectionné au festival de BD d’Angoulème, qui se déroulera en janvier 2022.

Le portrait

Régionales • « Comme Marine, je sais que j’en suis capable »

Alison Schaumloeffel, 23 ans, est candidate pour les élections départementales et régionales sur la liste du RN. Elle a fait ses premiers pas en politique sur les réseaux sociaux.

Sur Facebook, Alison aime beaucoup les chats. Elle en a quatre d’ailleurs. Pour le moment pas d’enfants, mais c’est programmé d’ici quelques années, avec son compagnon, rencontré sur les réseaux sociaux. Alison n’a que 23 ans. Après avoir travaillé dans la restauration, elle est auxiliaire de vie auprès des personnes âgées, dans un rayon de trente kilomètres autour de Bayeux. Avec le Covid, elle a vu des gens décéder, d’autres délaissés, des petits commerces fermer. «Nous aussi, les auxiliaires de vie, on nous a pas beaucoup aidées.» Avec Marine Le Pen, elle pense que tout cela pourrait changer. «Contrairement aux autres, Marine est très proche des Français. Elle s’occupe d’abord des gens. L’écologie, c’est important, mais il faut avant tout que les citoyens se sentent bien dans leur pays, dans leur région

Alison a commencé à s’intéresser à la politique au lycée, sur les réseaux sociaux. «Vers 17 ans, j’ai choisi le Front National. Je ne me retrouvais pas ailleurs, dans mon idéal.» Elle a suivi le parti de Marine sur les réseaux, avant de prendre sa carte. Quand elle a eu l’âge d’être éligible, elle a contacté le responsable départemental du RN (ex-FN), qui lui a proposé de rejoindre la liste RN pour les deux scrutins du mois de juin prochain. «Les régionales, je ne pensais pas avoir le niveau, mais il m’a dit que je pouvais avoir de bonnes idées.» Alison a sollicité sa mère pour être sa suppléante aux élections départementales, où elle est candidate sur le canton du Hom. Elle a démarré sa campagne sur les réseaux facebook et instagram, où elle a ses habitudes. «Au départ, je partageais tout en public, je n’ai rien à cacher. J’ai reçu beaucoup d’insultes de personnes que je ne connaissais pas. Maintenant, je partage en privé ou sur des groupes.» Aujourd’hui, elle fait les marchés, le porte-à-porte, les coups de téléphone. «On est bien formés, avec des visios une à deux fois par semaine.»

Issue d’un milieu «normal», Alison «ne prend pas les gens de haut» et ambitionne de «rajeunir et changer l’image de la Région». Une région qu’elle souhaite plus «touristique» et «accueillante», notamment avec les Anglais, mais plus stricte sur l’entrée des migrants. «Personnes dangereuses», «faux mineurs»: Alison est dans la ligne du parti et s’indigne «qu’on crie à l’islamophobie à la moindre revendication.» Elle veut «compter avec l’avis des citoyens» et montrer qu’elle est «digne de confiance». «Comme Marine, je sais que j’en suis capable.»

A lire, à voir, à écouter

Ecologie • Le village normand contre Elon Musk

À Saint-Senier-de-Beuvron, un village de 350 habitants, le milliardaire Elon Musk veut implanter une station terrestre reliée aux milliers de satellites qu’il a déjà envoyés en orbite. Les habitants du petit village ne l’entendent pas de cette oreille. Podcast de les Pieds sur terre à écouter sur France Culture.

Santé • Le tourbillon de la vie

Le dessinateur normand Yannick Lecoeur a mis en dessins le récit de son amie, Leslie Lavielle, face à l’attente et la naissance de son enfant, Sam, atteint d’une hernie diaphragmatique. Une BD à découvrir en ligne.

Politique • Enquête sur deux stars du macronisme en Normandie

Le Poulpe s’intéresse à deux personnalités politiques normandes proches de LREM et impliquées dans les élections locales : Sébastien Lecornu, jeune ministre des Outre-Mer, qui s’est forgé un destin national en tissant une solide toile dans son département de l’Eure ; Édouard Philippe, revenu à la mairie du Havre depuis un an et qui s’y montre trop discret.

Technologie • Intelligence artificielle et données

Deux journalistes de Grand-Format ont participé en avril en tant que fact-checkers à une conférence virtuelle organisée par le Dôme : «Data & IA : le vrai, le faux, le flou». Leur article sur Échosciences Normandie revient sur cette rencontre qui a permis de questionner la place de l’intelligence artificielle dans notre quotidien et les nombreux enjeux associés.

Les initiatives

Solidarité • Forum Normandie Afrique

L’association Horizons solidaires organise le samedi 12 juin prochain, à Caen, un forum Normandie Afrique. L’événement vise à valoriser des partenariats et des initiatives entre la Normandie et des pays d’Afrique dans le domaine du développement territorial durable, « et à mettre en avant les richesses culturelles et artistiques des Afriques à travers des expositions de peintures, sculptures d’art contemporain africain », et un concert. Pour en savoir plus, rendez-vous ici.

Humanitaire • Des prothèses pour l’Afrique

Récupérer et redistribuer des prothèses dans les pays en manque d’appareillage, en les acheminant à la voile. C’est le but de l’association Nav’Solidaire, créée par Antoine Michel. Appareillé depuis deux ans, ce jeune habitant de Hauteville-sur-Mer (Manche) entame en juin un tour des ports bretons pour trouver des transporteurs afin d’acheminer les prothèses. Une première livraison en Gambie est prévue en septembre.

Ecologie • Caen sans voiture

La ville de Caen a mis en place un dispositif «Caen sans voiture» sur les bords de l’Orne tous les derniers dimanches du mois, de mai à octobre. Objectif: inciter les Caennais à opter pour d’autres moyens de déplacement et à s’interroger sur la place de la voiture. On cheminera donc à pied ou à vélo entre la prairie, le marché Saint-Pierre, la Presqu’île et la voie verte, une fois par mois.

Des nouvelles de nos histoires

Social • Justice ordinaire

Du banal conflit de voisinage aux délits les plus graves comme l’agression sexuelle : chaque jour dans les juridictions caennaises, des dizaines d’hommes et de femmes se présentent face aux juges pour répondre de leurs actes. À chaque histoire, sa part d’humanité. Plus ou moins sombre. Ce mois-ci, Grand Format vous emmène au tribunal, loin des grands procès médiatiques, dans le quotidien d’une justice ordinaire, reflet imparable de notre société.

Atelier • Prix photo

Encadrés par le photographe Emmanuel Blivet et leur professeur, les élèves de 4e C du Collège Emile Zola de la Glacerie, à Cherbourg, ont obtenu le premier prix Normandie ex-aequo au concours national Médiatiks Vues de chez nous avec la série « Cherbourg comme vous ne l’avez jamais vu ».

Edition • Un livre sur le deuil périnatal

En mars 2020, Grand-Format racontait l’histoire d’Azélie, extrême prématurée, au sein du service de néonatologie de Caen. De l’histoire d’Azélie est né un album pour les enfants, écrit par Marino Lebarbier, racontant la perte d’un frère ou d’une sœur. La page Facebook de l’auteure.

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Cette newsletter, mise en forme par Pierre Hardel, a été rédigée par Marylène Carre et Raphaël Pasquier, en partenariat avec le Médialab du Wip, et relue par Emilie Auvray et Simon Gouin. Elle est éditée par le magazine Grand-Format, un projet de l’association Lire la suite.

C’était la dernière newsletter avant les grandes vacances. On se retrouve début septembre pour une nouvelle édition. D’ici là, vous pouvez retrouver tous nos articles sur notre site, Grand-Format.net. Bel été!